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102             ÉLECTION D'UN ABBÉ DE SAVIGNY.
du défunt fut porté solennellement à l'abbaye, et enterré dans la
grande église, devant l'autel de Saint-Êtienne.
   Le jeudi 15 janvier, les moines furent convoqués dans le
chapitre au son de la cloche, suivant l'usage, pour avoir à s'oc-
cuper de donner un successeur à Guillaume d'Albon. L'assem-
blée eut lieu sous la présidence de Pierre Escofler [Escoferii),
grand prieur. Outre les moines, au nombre de quarante, pres-
que tous profès et dans les ordres, on avait fait venir le notaire
Pierre Bonpain (Bonipanis), pour rédiger le procès-verbal de la
séance, et quelques témoins étrangers à l'abbaye pour, le signer.
   Après mûre délibération, il fut décidé que l'élection aurait lieu
le jeudi 29 janvier et jours suivants , si cela était nécessaire. Le
grand prieur et les autres moines capitulants arrêtèrent que tous
les religieux seraient convoqués personnellement pour ce jour-là,
tant les présents que les absents, ceux de ces derniers du moins.
qu'il serait possible d'appréhender ; et, de plus, que le décret de
convocation serait lu, suivant les privilèges et les coutumes de
l'abbaye, sur le pont, c'est-à-dire probablement sur le pont vo-
lant qui donnait accès dans le monastère par la grande porte.
En conséquence, on nomma deux moines pour porter à qui de
droit les lettres de convocation qui furent rédigées pour cela,
avec spécification toutefois qu'elles ne seraient communiquées
qu'aux intéressés résidant dans le diocèse de Lyon, suivant
l'usage (1).
   Au moment où l'assemblée allait se séparer, le grand prieur
rappela, au nom des autres moines capitulants, que les sus-
pendus, interdits ou excommuniés, s'il y en avait parmi les
frères, devaient s'abstenir de prendre part à l'élection, pour n'en
pas compromettre la validité; il ajouta, au surplus, que si,
malgré son avertissement, il y en avait qui persistassent à voter,
ils seraient expulsés du chapitre.
   Et attendu qu'un des moines, présent dans le monastère, mais

   (1) Ceux qui résidaient hors du diocèse n'avaient pas droit d'élection,
à ce qu'il parait, quia extra regnum. Nous verrons cependant que plusieurs
votèrent par procuration.