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I l f. \ 70 PÉLOPONÈSE. immense quantité de maisons descend en éventail , maisons de 1 mille architectures diverses, gothique, vénitienne, mauresque ; i au pied de la montagne, se trouvaient autrefois de grands jar- dins où des bouquets d'arbres sauvages croissent à présent. Je I n'ai jamais vu de ruines plus gracieuses et plus élégantes. On dirait une ville orientale endormie tout entière, en attendant ! que le soir vienne, que les oiseaux chantent et que la volupté des nuits remplace la chaleur du jour. En longeant ses demeures turques, ornées à l'extérieur de délicates sculptures, éclairées par de hautes et mystérieuses croisées qu'entourent de pittores- ques guirlandes, on croit entendre le bruit des eaux qui coulent dans les bassins de marbre et accompagnent de leur murmure la triste chanson des femmes maures ; à l'ombre des balcons découpés en fines arabesques , on attend que l'une d'elles vienne se réchauffer au soleil et respirer un instant le chaud parfum des jardins ; puis, en passant devant la porte basse à ogives de la grosse tour gothique, on écoute le pas lent et les rudes paroles de quelque baron français, regrettant peut-être, sous le ciel em- brasé de l'Orient, le ciel plus doux de sa patrie et son castel ceint de fossés et les tours féodales qui le défendent. Cependant, à mesure qu'on s'avance dans le dédale brûlant des rues de cette ville étrange, le rêve s'en va et la réalité lui succède ; en re- gardant à travers les fentes de ces murs crevés, on aperçoit des ruines sans forme entassées dans les cours; aucunefigurehumaine ne se montre aux balcons, et l'on ose à peine passer sous la vieille tour, de crainte que sa masse ébranlée et courbée vers la terre ne perde enfin son équilibre et ne vous écrase. Si l'on monte au sommet de la citadelle, la vue plonge dans un gouffre im- mense; un peu au sud, le Taygète est en deux endroits déchiré jusqu'à sa base ; on précipitait les criminels du haut de ces fentes formidables que les anciens appelaient cœadas et qu'on ne peut attribuer qu'à l'effet des tremblements de terre ; c'est dans l'un de ces gouffres qu'Aristomène fut jeté et retenu sur les ailes d'un aigle. m» Dans les quartiers inférieurs*de la ville, on retrouve quelques traces d'antiquités ; entr'autres un superbe sarcophage qui reçoit