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62     ,                   PÉLOPONÈSE.
s'entretenant comme par le passé et discutant les intérêts dont
la nation les avait conjointement chargés.

                                II.

                             SPARTE.


    D'après ce qu'on m'avait dit, je ne m'attendais pas à retrouver
 sur l'emplacement de Sparte la moindre trace de son existence.
 Ce qui reste n'est rien assurément quand on songe à sa puis-
 sance et à sa grandeur, mais cela suffit pour susciter la rêverie
 et alimenter la méditation. Les tremblements déterre, qui ont eu
 lieu dans ce pays à une certaine époque et qui ont fait sur le
 Taygète une formidable ouverture, expliquent pourquoi les mo-
 numents ne sont pas restés debout ; mais que sont devenues les
pierres énormes qui servirent à leur construction? Le sol ne
 s'est pas entr'ouvert pour les dévorer et le temps a bien pu les
 ronger insensiblement, mais non pas les anéantir. On dirait
 qu'une armée de Titans a saccagé la ville, lancé de ses robustes
 bras tous ces monuments dans la mer et confondu leurs débris
ensemble pour que la postérité ignorât à quel édifice ils ap-
partenaient. Il est impossible, en effet, de retrouver aucune
trace des grands temples dont Pausanias fait encore mention ; de
gros blocs de pierre sont jetés çà et là comme par le hasard ;
ici, c'est un bassin de marbre sur les parois duquel on distingue
des bas-reliefs à demi-brisés, où s'aperçoivent encore des guer-
riers partant pour le combat ou des prêtres se rendant au sacri-
fice ; plus loin, une colonne enfoncée dans la terre ; ailleurs, un
chapiteau corynthien qui se fait à peine jour à travers les brous-
sailles. La ruine la plus considérable est, autour d'une colline
peu élevée qui devait servir de citadelle, un mur d'enceinte
coupé en plusieurs endroits par de larges brèches, dont les dé-
bris, accumulés sur le penchant, ressemblent aune avalanche su-
bitement arrêtée dans sa chute. A l'extrémité nord, une tour car-
rée est à moitié conservée, mais elle s'incline vers le sol en at-
tendant une dernière secousse pour s'affaisser complètement. Un