page suivante »
52 ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. vivement par la crête des montagnes, coupa les Autrichiens qui avaient suivi les bords de la mer, leur enleva quinze mille hommes, 33 pièces de canon et 6 drapeaux. Masséna renfermé dans Gênes venait de capituler, après une immor- telle résistance. Suchet qui l'ignorait et conservait l'espoir de dégager cette ville, traversa en peu de jours la rivière de Gênes, retrouva le long du rivage, aux environs de Savone, Masséna dont il avait été si longtemps séparé. Celui-ci per- mit à son lieutenant de passer l'Apennin, de se placer en avant d'Acqui, et lui ordonna de rester dans cette position, obser- vant, inquiétant l'armée autrichienne , demeurant suspendu sur sa tête comme une menace perpétuelle. La défense du Var qui fut alors comparée à celle des Thermopiles, sauva le midi de la France et contribua à l'immortelle victoire de Marengo; car la seule présence du général Suchet sur le sommet des Apennins contint le général Mêlas, obligé de lui opposer un fort détachement qui, au moment de l'action, affaiblit beaucoup les forces de l'ennemi. Aussi le premier consul, quittant l'armée pour se rendre à Paris, donna-t-il à Suchet une grande marque de confianceen le chargeant d'oc- cuper de nouveau Gênes et son territoire. 11 maintint par- tout une discipline sévère et s'acquit l'estime et la confiance des habitants de celte malheureuse république. La campagne s'étant rouverte après les six mois de l'ar- mistice stipulée dans la célèbre convention d'Alexandrie, Suchet obtint le commandement du centre de l'armée d'Ita- lie, composée de trois divisions, fortes de 18,000 hommes. Le passage du Mincio devint alors de la part de Suchet le théâtre d'une stratégie si extraordinaire, d'une victoire si décisive, d'inspirations si heureuses , qu'on peut dire qu'il en fut le héros; il y accrut considérablement sa renommée. Il y secourut et y dégagea le général Dupont compromis par l'impatience d'un succès imprudemment poursuivi et exposé