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              ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET.                 53

à un grave péril. Ce fut dans celte affaire que Suchet entraîné
par un noble mouvement de cœur, brava la responsabilité
qu'il pouvait encourir en cas d'échec, et ne vit que des Fran-
 çais en danger; il vola à leur secours, et non seulement dé-
gagea Dupont, mais encore l'aida à repousser les Autrichiens
commandés par Bellegarde qui nous abandonna sur le champ
de bataille de Pozzolo, 4,000 prisonniers et une partie de
leur artillerie.. Pendant toute cette campagne, à Borghetto,
à Vérone, à Montebello , Suchet ne cessa de donner des
preuves de la plus éclatante bravoure et de la plus profonde
capacité militaire. Dès ce moment, la France compta un grand
homme de plus.
   Pendant la paix qui suivit le traité de Lunéville, le géné-
ral Suchet, l'ancien chef d'élat-major de Brune, de Joubert,
de Moreau, de Championne! et de Masséna , après avoir ins-
pecté les troupes cantonnées dans le midi et dans l'ouest de
la France, oublia qu'il avait été l'égal de ses chefs, pour
demander le commandement d'une division. Cette division,
forte de cinq régiments d'infanterie, sefilremarquer au camp
de Boulogne par sa tenue, sa discipline et son instruction.
Elle devint la première du cinquième corps, sous les ordres
du maréclal Lannes, et soutint brillamment la réputation de
son chef.
   Ce fut vers ce temps que Suchet fut envoyé en qualité de
gouverneur au château de Lacken, près Bruxelles, et qu'on
vit briller sur sa noble poitrine l'étoile de grand officier de
la Légion-d'Honneur.
   Suchet, éclos sous le soleil de la république, allait voir se
lever l'aslre de l'empire. Dans cetle pléiade de guerriers,
dont l'épée avait fondé la grandeur de la république, un
homme resplendissait au-dessus de tous par l'éclal de ses
victoires, par la hardiesse de son génie. Général, plénipo-
tentiaire, législateur, il avait anéanti déjà toutes les armées