page suivante »
ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. 51 homme, la rapidité de ses exploits, la hauteur de ses vues, la poésie de son langage, tout contribuait à remuer l'âme a r - dente de Suchet. Telle était la réputation de Suchet, que Bonaparte en chargeant, au 18 brumaire, Masséna du commandement de Championnet, lui donna le jeune général pour lieutenant. Ce fui alors, qu'au premier rang comme chef d'état-major général, il commença à s'y placer comme général d'armée : avec un faible corps de 8,000 hommes à peine vêtus, sans magasins ni ressources pour lutter contre 60,000 hommes commandés par le général Mêlas, Suchet prit une part bril- lante aux résultats de la campagne connue dans l'histoire sous le nom de campagne de Gênes et du Var, non moins mémorables par les talents et la prodigieuse activité qu'il y déploya, que par l'inébranlable courage de ses troupes, au milieu des plus grands dangers et des privations les plus grandes. Séparé de la droite de l'armée par la prise de Saint- Jacques, il lutta pendant 38 jours avec succès, et défendit pied à pied la rivière de Gênes. Les forces de l'ennemi l'ayant obligé à se retirer derrière le Var, il s'y retrancha et con- serva une tête de pont. Les efforts de Mêlas renouvelés pen- dant seize jours et soutenus par une escadre anglaise , échouèrent contre ses dispositions et la valeur de ses troupes. Par celte défense habile, il sauva d'une invasion le midi de la France et prépara le succès de l'armée de réserve qui se portail à Marengo. Dès ce moment, le général Suchet prit l'offensive. Il avait mis à profit la découverle du télégraphe employé pour la première fois à la guerre. Deux sections laissées par lui aux forts de Villefranche et de Mont-AIban, au milieu des Autrichiens, le prévinrent de leur marche in- certaine. Suchet, jugeant avec un coup d'oeil prompt et juste les intentions du général autrichien, fit ses dispositions pour ne pas lui laisser opérer sa retraite en sécurité. Il marcha