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50             ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET.

 demande de Joubert qu'il suivit en Italie. Ce fut dans les
 champs de Novi qu'il reçut les derniers soupirs de son ami.
    Cette mort avait vivement affecté Suchet qu'elle jeta dans
 une sorte d'indifférence et de dégoût. Il continua son ser-
 vice sous Moreau et Championnet. Le général Bernadotte,
 alors ministre de la guerre, et depuis roi de Suède, écrivait
 au jeune Suchet cette lettre honorable dans laquelle il lui
 disait :
    « La patrie réclame vos secours, mon cher et brave ami ;
 « n'abandonnez pas l'armée dans un instant où vos talents
 « lui sont nécessaires. Championnet remplace Joubert :
 « aidez-le de vos lumières, le bien public l'exige. »
    Plus tard il se trouvait à cette bataille importante où le
vaillant Masséna sauvait la France a Zurich, comme Villars
l'avait sauvée à Denain. Gloire éternelle à ce grand capi-
taine qui exécuta, par la destruction des hordes du barbare
Suwarow, l'une des plus belles opérations dont l'histoire de
la guerre fasse mention, et qui nous sauva dans un moment
plus périlleux que celui de Valmy et de Fleurus!
    Vers ce temps-là, on recevait en France des nouvelles de
l'expédition d'Egypte. Les bulletins de l'armée de Bonaparte,
sous des climats lointains, ouvraient à l'esprit de Suchet un
monde nouveau. 11 avait presque assisté à l'embarquement
de Napoléon, adressant alors à ses soldats une proclamation
pleine de souvenirs :otreùt dit d'Homère ou du héros qui enfer-
mait les chants du Méonides dans une cassette d'or (1). La nuit
Suchet, dans sa tente, relisait avec avidité ces fameuses pro-
clamations aux pensées vastes, aux formes orientales qui
parlaient si vivement à l'imagination des peuples et subju-
guaient entièrement la sienne. Bonaparte était devenu l'objet
de toutes ses méditations. Le génie extraordinaire de ce!

  (1) Chateaubriand. Ses Mémoires.