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                   ÉTUDE SUR FRAYSSINOUS. i

 Frayssinous ; les deux amis se virent bientôt rejetés par la
 Révolution dans leurs montagnes du Rouergue, où l'on pou-
 vait encore exercer avec quelque sécurité les fondions du saint
 ministère. Ce fut le pays qui eut les prémices de leur zèle
 sacerdotal ; ils préludèrent à leurs travaux apostoliques en
 expliquant le catéchisme, en faisant de courtes et simples ins-
 tructions aux habitants deCurières, et Frayssinous reçut une
 douce récompence de son labeur dans la rétractation du curé
 de cette paroisse, qui avait tout d'abord adhéré à la constitu-
 tion civile du clergé.
    Comme Frayssinous et Boyer n'avaient pas exercé de
fonctions publiques, le serment qu'exigeait cette déplorable
Constitution ne les obligeait point. Ils continuèrent donc à
exercer le ministère, dans la mesure de leurs forces et de leur
liberté, qui ne fut ni grande, ni de longue durée. Les deux
jeunes amis coururent plus d'une fois de graves dangers, et il
leur arriva môme d'aller à Rodez contempler de près l'écha-
faud, afin de se trouver plus courageux et plus fermes , s'ils
avaientun jour à y monter. Us consacraient à l'étude des Pères
et de la Théologie ce que les temps de persécution leur impo-
saient de loisirs forcés , et demandaient à la docte phalange
des apologistes les moyens de ruiner cette philosophie du
XVIIIe siècle, qui n'avait su , après tout, que rajeunir par la
forme des erreurs très-vieilles et très-pauvres. On a conservé
au manoire du Puech une Somme de saint Thomas remplie
de notes et d'observations de la main de Frayssinous. Ce fut
alors, et au milieu de ces études, qu'il conçut l'idée elle plan
des Conférences auxquelles il a dû l'éclat de sa vie.
    Cependant, la religion sortait de ses ruines, à mesure que
Tordre renaissait dans la société. Il fallut longtemps pour s'af-
franchir de cette sauvage oppression qui s'attaquait à Dieu et
h son Eglise , et si l'exercice du culte catholique avait recom-
mencé sans trop d'obstacles sur divers points de la France .