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EXCURSION DANS LE MIDI. 475 signature Duret, el j'appris bientôt que c'était le même artiste qui a demeuré quelque temps dans notre ville. Son nom n'eût pas été écrit au bas de l'aquarelle que j'aurais reconnu l'auteur au tour facile el naïf du dessin. Mon premier soin fut de m'enquérir de la demeure de M. Duret et de sa position dans la ville qu'il venait d'adopter pour sa nouvelle résidence. Cet estimable artiste a rencontré à Avignon des protecteurs éclairés dans le sein même du conseil municipal. 11 est à la veille d'être nommé professeur de la classe de paysage à l'école de dessin. Il a des élèves parmi les familles les plus nolables, et comme ces familles privilégiées de la fortune on sut conserver les nobles tradi- tions, elles honorent les arts el ne laissent pas mourir de faim les artistes. Donc Duret a trouvé heureusement à Avignon ce qu'il avait cherché vainement à Saint-Etienne. Et combien d'artistes dislingués ont éprouvé en province le sort de Durel! Combien se sont vus forcés de fuir noire ville après avoir essayé d'y dresser leur pupitre ou leur che- valet. Duret, le gracieux et spirituel paysagiste est à Avignon, et M">e Montano, la charmante canlalrice, celle que loute l'Italie couronna de fleurs sur ses théâtres et célébra dans ses feuilles publiques sous le nom de Perfetto Contralto, Mme Montano est à Nice ! Pauvres artistes, ils sont partis ac- cablés, découragés, vaincus par l'insouciance, l'oubli et les dédains ignorants, toutes choses qui tombent sur le cœur de l'homme d'intelligence el de talent comme des avalanches de glace. Maintenant que vous connaissez mon cicérone, nous allons reprendre, s'il vous plaît, notre course à travers les rues de la vieille cité des papes. Le luxe des magasins qui se propage dans toules les villes du centre de la France, n'a pas encore pénétré à Avignon. Les magasins, ou plutôt les bouliques s'y montrent dans loulc leur simplicité primitive. A l'intérieur, tout l'ameublc-