page suivante »
440 COUP-D'OEIL GÉNÉRAL écarts du goût. La voix de Dante s'éleva en Italie, et le génie moderne prit son essor. Dante, dans sa colossale épopée , >C cpnsacra le passé , prophétisa l'avenir ; et bientôt cette terre si agitée, bouleversée par tant de révolutions, reprit son éner- gie première pour produire une série d'hommes illustres , et les noms de Pétrarque, de Bocace , vinrent s'enchaîner à ceux des Médicis, tandisque le génois Colomb dotait l'huma- nité d'un nouveau monde. Dès lors quelle profusion de ta- lents, quelle exubérance de pensées, sous l'influence de ces Grecs fugitifs , dépositaires de la science antique! Ici Politien ouvrant la voie brillante où se précipiteront tant de poètes J enthousiastes, et que l'Arioste animera de sa verve et sèmera defleursimpérissables. Là , Machiavel, annaliste profond, guide habile mais dangereux des rois, fécondera le champ de l'his- toire, où le suivra le sage Guirchardin. L'épopée religieuse et pathétique aura son digne interprète dans le Tasse, cette ame mélancolique et pure qui connut toute l'éloquence de la douleur, tandis qu'un mot de Galilée revêlera la loi suprême des astres. Cependant les arts renaîtront, plus complets, plus brillants, plus hardis que chez les Grecs, sous la main de Léonard et de Titien, de Raphaël , de Corrège, de Michel-Ange, et le dôme aérien de Saint-Pierre, la cou- pole de Florence, les aiguilles de Milan , s'élèveront triom- phants vers le ciel pour proclamer la gloire de l'Italie ! L'Espagne aussi, avec le Portugal, né du même sang , soumis aux mêmes hasards, l'Espagne , formée du belliqueux faisceau de Léon et de Navarre , d'Arragon et de Castille , dont les rois, champions infatigables , avaient repris, pied à pied, et payé de leur vie, tout le riche territoire envahi par les Maures, l'Espagne et le Portugal venaient de se constituer en grandes et puissantes monarchies. Colomb et Gama avaient lancé leurs flottes aux deux extrémités du monde, Cortès et Albuquerque avaient conquis des terres dont les trésors éga-