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      SUR LA LITTÉRATURE ITALIENNE ET ESPAGNOLE.            437

mais quelle grâce, quelle élégance dans ces fictions, quelle
harmonie de sentiment et de langage ! L'idiome grec prête
à la pensée sa vive allure, sa souplesse expressive. L'esprit
méditatif s'attache aux lois du monde, aux phénomènes de
l'ame, aux droits de la société. Avec l'histoire il interroge
l'Asie, il prédit les deslins de l'Europe ; avec le drame il
remue les passions, il excite les pensées généreuses; avec le
chant lyrique il nourrit l'enthousiasme; il gouverne les états
par l'éloquence. Partout la Grèce, dans son sublime essor,
atteint la perfection suprême ; glorieuse dans la paix comme
dans la guerre, dans les lettres, les sciences et les arts,
elle est devenue le type impérissable de tout ce qu'il y a
de beau sur la terre.
   Cependant l'aurore intellectuelle avait aussi brillé sur l'I-
talie, ce pays prédestiné du ciel, longtemps en proie à des
pâtres sauvages. Les ingénieux Etrusques l'aperçurent les
premiers ; elle atteignit bientôt la Sicile, elle resplendit au-
tour du Latium, rempli alors de guerres et de carnage.
Rome, cuirassée d'airain, foulait aux pieds les peuples, peu
soucieuse des conquêtes de l'esprit. Mais les vaincus sou-
mirent leurs fiers vainqueurs à leur salutaire influence. La
langue latine, épurée par les Grecs, se plia à son tour aux
charmes de l'éloquence, aux graves enseignements de l'his-
 toire , aux harmonieuses inspirations des poètes. Rome, si
longtemps rebelle et dédaigneuse, devint enfin le sanctuaire
des lettres, et sa gloire rayonna sur la Gaule et l'Espagne,
comme sur l'Afrique et sur l'Asie. Son empire colossal, en em-
brassant le monde, y grava de toutes parts l'empreinte de
 son génie. Ses lois, ses traditions, ses travaux gigantesques se
propagèrent de province en province; et, quand toutes les
 grandeurs humaines eurent été épuisées sous son sceptre,
 quand, au fond de ces grandeurs trompeuses, entremêlées
 de tant de souillures, parut la vanité du néant, quand les