page suivante »
DU COURS DE PHILOSOPHIE. 429 d'une théorie bien arrêtée sur la possibilité et la nécessité de rendre la philosophie populaire. Dans la dissertation sur le style philosophique de Nizolius il recommande de fuir comme la peste les termes techniques. Tout ce qui ne peut être expliqué en termes populaires n'a selon lui point de valeur et doit être sévèrement banni, à moins qu'il ne s'agisse d'une chose emportant avec elle la signification immédiate, comme certains genres de couleurs, de saveurs etc. Il est certain dit-il encore, qu'il n'y a pas de chose qui ne puisse être expliquée sinon par un seul, au moins par plusieurs termes de la langue populaire (1). Cette même idée n'a cessé de régner dans toute la philo— sohie du XVIII e siècle en France. Tous les philosophes de cette époque ont plus ou moins visé à une diffusion populaire de leurs doctrines. Ils ont atteint leur but parla lucidité vrai- ment populaire de leurs écrits philosophiques. Ils ont r é - pandu dans la société française et dans le monde entier les idées et les sentiments de liberté et d'égalité. Us ont fait des catéchismes de métaphysique, de morale, de politique. Malheureusement leurs principes de métaphysique étaient mauvais et en conséquence leurs principes moraux, et, comme vous le savez, ce sont de singuliers catéchismes de morale que les catéchismes de St-Lambert et de Volney. Mais pour- quoi donc ce qui s'est fait au nom d'une mauvaise métapysi- que ne pourrait-il se faire au nom d'une bonne métaphysi- que ? Pourquoi donc ce qui s'est fait pour la propagation dangereuse d'un faux principe ne pourrait-il se répéter avec (i) Termini igitur technici cane pejus et angue fugiendi sunt Illud igitur pro certo habendum est, quidquid terminis popularibus explicari non potest, nisi immediato sensu constet (qualia sunt multa gênera colorum, odorum, sa- porum, etc.) esse nulium et a philosophia velut peculiari quodam carminé arcendum Verissimum est nullam rem esse qure non explicari terminis popularibus saltem pluribus possit.