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302 BIBLIOGRAPHIE. suivent, à la suite d'un célèbre chef d'école, l'étude des combinaisons infinies dans lesquelles se jouent les atomes. Il est bon que les traditions des Chaptal, des Berthollet, des Darcet, pléiade immortelle qui a fait la gloire de l'Empire, soient représentées dans le pays qui tient encore dans le monde le sceptre des arts chimiques. Ces savants, sans négliger les théo- ries et les études de laboratoire, descendaient souvent dans l'atelier, et leurs mains, pleines de découvertes admirables, s'ouvrirent aux applications qu'elles fécondaient et multipliaient. Nos chimistes actuels semblent de cette dou- ble voie n'affectionner que la première. Leurs travaux sortent trop peu du cabinet, du laboratoire et des bulletins des Sociétés savantes. Aussi le pro- grès s'accomplit le plus souvent par d'autres recherches. Les grandes dé- couvertes des temps derniers, la solidification de l'acide carbonique, le Daguerréotype, la coloration des bois, le sucre en pains obtenu du premier jet, la bougie stéarique, le bleu de France, et beaucoup d'autres se sont produites en dehors du cercle des chimistes théoriciens. Qui ne sait pourtant combien sont pressants et nombreux les besoins de l'industrie. Le progrès est sa condition vitale. L'aiguillon de la concur- rence lui en fait sentir chaque jour !a nécessité. A Lyon surtout, ces désirs d'amélioration se font sentir avec une force dont nous sommes témoins tous les jours. Les ateliers de teinture, plus nombreux que partout ailleurs, les cent officines pharmaceutiques, les grands ateliers de produits chimiques, les faïenceries, verreries, cristalleries, porcelaineries, stéarineries puisent la vie dans les préceptes chimiques. C'est donc là un service réel rendu à notre pays. Est-il besoin, après cela, de dire combien est ingrate et pénible la mis- sion du savant en province. Privé des ressources accumulées avec luxe dans la capitale, vivant hors de l'atmosphère vivifiante des Sociétés scientifiques de premier ordre, hors de la fréquentation si fortifiante des savants de Paris et de l'étranger, ne faut-il pas qu'il puise en lui-même, qu'il trouve dans le seul sentiment du devoir, sinon dans l'attrait du travail, les forces néces- saires pour avancer ses études et mener à fin ses travaux. L'Etat semble avoir compris cette vérité que Lavoisier avait mise en avant, que le chi- miste, voué au progrès de la science, avait besoin de mettre une grande for- tune au service de ses recherches de laboratoire. Aussi les professeurs de la capitale trouvent généralement dans le nombre et la rétribution des pla- ces qu'ils occupent de quoi défrayer largement et leurs travaux et leurs habiles préparateurs. Malheureusement les chimistes de provinee n'ont que les miettes de ce festin scientifique. Les munificences ministérielles dépassent rarement les limites du département de la Seine. Aucun système d'encou-