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276 VAISE. Alors, presque tout l'intervalle entre les portes de Vaise et de Bourgneuf n'était encore qu'une campagne dont le che- min fut pour la première fois pavé à cette époque, les bords ornés pour la réception du Monarque de berceaux de verdure et de feuillage. Quatre des plus belles dames de la ville lui présentèrent en ce lieu un dais de drap d'or avec des cam- panes de satin bleu semées de fleurs-de-lys. Quelque temps après, Louis XI, voulant attacher a sa per- sonne le savant Galioti Martio, secrétaire de Mathias Corvin, roi de Hongrie, dont il venait de publier les bons mots, lui manda de le joindre à Lyon, en lui faisant offre d'une pension considérable. Martio se laissa tenter à ses propositions, et,après un long voyage, il arriva à la porte de Vaise, comme le roi en sortait. Aussitôt, il voulut descendre de cheval pour le saluer; mais, comme il était fort gros, il tomba si rudement sur une pierre, qu'il se fendit la tête et mourut sur le champ. Martio sortait des prisons de Venise pour s'être avoué l'au- teur d'un ouvrage impie, et l'Inquisition l'aurait jugé rigou- reusement, si le pape Sixte IV, qui avait été son disciple ne l'eût protégé. Sa mort extraordinaire fut alors regardée comme une punition de Dieu qui enlevait à la fortune et aux distinc- tions honorables l'un des plus hardis partisans de la décou- rageante doctrine du matérialisme (1). Les Calvinistes voulant introduire leur culte à Lyon, résolu- rent de s'emparer de celte ville, et Genève fil partir des sol- dats déguisés qui devaient se réunir et se rendre maîtres des portes de Vaise. Le premier septembre 1559, leurs partisans dans la ville se rendirent au faubourg en très grand nombre, cachant chacun une dague sous leurs habits. Cependant, les hôteliers surpris de voir arriver à la file tant d'étrangers, et (i) L'écrit de Galioti Martio intitulé : De homine interiore et corpore ejus, fut réimprimé à Basle, en i5'r8, in-40,