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268 DIGNE ET LES ALPES. Il faut que vous sachiez, et de ma bouche plutôt que d'une autre, qu'il n'a pas dépendu de moi que votre passage à Sis- teron n'ait éprouvé des obstacles, car j'ai fait hier une pro- clamation qui n'était pas pour vous. —Bah ! ce n'est rien, je sais que les Français sont des écri- vassiers. Outre qu'elle a été la conséquence de mon nouveau ser- ment, j'avais fait partie d'une députa lion chargée d'aller pré- senter à Louis XVIII l'hommage de félicitation des habitants de ce département, et en particulier celui de mes conci- toyens. —Mais ces sortes de députation n'ont pas d'importance. Après ce colloque, Napoléon continuait à questionner M. de Gombert sur le nombre des officiers à demi-solde et sur d'au- tres points d'un mince intérêt, lorsque la porte de l'apparte- ment s'ouvrit. C'était le général Bertrand, qui, la refermant brusquement, jeta sur M. de Gombert un foudroyant regard, qu'il porta lour-à -tour sur Napoléon et sur le maire, comme pour dire à l'Empereur qu'il restait bien longtemps avec ses pires ennemis. Napoléon comprit ce langage et congédia M. de Gombert par ces mots : « Allez, M. le maire; maintenez toujours le bon ordre dans votre commune. » Napoléon partit pour Gap, à une heure après midi, n'en- traînant avec lui que quelques personnes. En sortant de Sis— teron par la même voie qu'il avait suivie à son entrée, il ne vit autour de lui encore qu'un morne silence, indice de la consternation dans laquelle la ville restait plongée. F . - Z . COLLOMBET.