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                    DIGNE ET LES ALPES.                    250

Elles jaillissent de tous côtés, en vives et bruyantes fontaines.
A une demi-lieue de la ville, du côté de l'est, on rencontre
des eaux thermales, qui exhalent une forte odeur de soufre,
et qui ont une grande vertu pour la guérison des douleurs
rhumatismales. Elles sortent d'un énorme roc, et sont empri-
sonnées sous d'étroites voûtes où il y a, dans quelques cellules,
jusqu'à 40 degrés de chaleur. Elles sont un peu fades au goût;
on vante leur qualité digestive. Au reste, elles sont peu con-
nues et peu fréquentées.
    Primitivement, la ville de Digne était échelonnée à quel-
ques minutes de sa situation actuelle, vers le nord-ouest, sur
 la montagne au pied de laquelle se voient les remarquables
et poétiques restes de l'église Notre-Dame. On émigra dans
un temps de peste et l'on n'est pas revenu. Le voyageur ne
devinerait pas, à l'inspection des lieux, ce brusque change-
ment. Notre-Dame de Digne remonte au XIIe siècle. C'est
une croix latine, avec un chœur aux croisées trilobées, et une
nef d'un bon goût et d'une gracieuse hardiesse. La lumière y
pénètre en jels lumineux et abondants, par une magnifique
rosace qui disperse et fait éclater dans l'intérieur les rayons
du soleil. On aperçoit aux fenêtres du chceur la transition du
plein-centre au système ogival. D'élégantes colonnes qui mon-
tent jusqu'au commencement delà voûte sont malheureusement
 tronquées sur plusieurs points. Les parois latérales gardent en-
core quelques précieux restes de fresques étranges, dont les su-
jets sont tout-à-fait d'inspiration dantesque. Ce sont, comme
dans la Divine Comédie du poète florentin, des scènes de l'enfer
et du paradis, et lesfiguresattachent le regard par une singu-
lière expression d'originalité un peu raide, mais naïve. Il y a
 surtout un morceau encore passablement conservé, où l'on
voit de pauvres âmes sortir du lieu de supplices, et s'ache-
miner vers le Ciel. Les unes sont en chemin déjà, les autres
 plongent encore à moitié corps dans la cité des pleurs, niella