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LE P. BERAUD. 251 collection de vos Mémoires, des dissertations sur la végéta- tion, sur l'évaporalion des liquides et l'ascension des vapeurs, des recherches savantes sur la lumière, une théorie physique de la rotation de la terre et de l'inclinaison de son axe, des expériences nouvelles et utiles ; tout était de son ressort, son génie et son application continuelle le rendaient capable de tout embrasser. La réputation qu'il avait comme antiquaire, attirail chez lui les voyageurs qui étaient flattés d'étaler aux yeux d'un connaisseur les morceaux rares qu'ils rapportaient des con- trées éloignées ; quelquefois il leur faisait connaître leurs richesses ; et s'il se présentait quelque antique qui fût nou- veau pour lui, il ne manquait pas de l'étudier et de l'appro- fondir, et il en faisait bientôt le sujet d'une dissertation, où l'on trouvait toujours à louer la justesse de sa critique, en même temps qu'on admirait l'étendue de ses connaissances. Une circonstance de celle espèce vous valut, en 1762, des observations sur des monuments Egyptiens apportés du Caire. Ce fut la dernière de ses productions qu'il eut la satisfaction de lire dans vos assemblées; si dans la suite vous lui conti- nuâtes vos applaudissements, il n'en fut plus le témoin. Alors, arriva oelte révolution qui n'étonna pas moins la France entière, que ceux qui en furent les victimes ; le coup de foudre qui renversa cet arbre antique élevé jusqu'aux nues, et dont les racines profondes avaient semblé jusqu'alors s'af- fermir par l'orage, n'épargna pas une multitude de rameaux «tiles, dont les fruits doux et bienfaisants sollicitaient une meilleure destinée. Le P. Beraud fut séparé de ce qu'il avait de plus cher, et ce ne fut pas le plus grand de ses maux; une loi suprême, émanée d'une autorité qu'il respectait, exigea de lui des serments que désavouait son cœur. Hélas ! peut-on faire un crime à un fils de ne pas maudire le sein qui l'a •porté ! Il aima mieux s'exiler lui-même ; il alla loin de sa