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248 LE P. BERAUD. corps étrangers que l'air soutient, et que l'action du feu oblige de s'unir aux métaux en fusion. L'air que nous res- pirons n'est pas un élément simple, il frotte sans cesse contre la surface des corps et en détache des parties ; l'eau, la terre, les sels, les métaux eux-mêmes entrent dans sa masse ; il les retient dans ses pores par un mécanisme qui nous est encore inconnu ; la quantité de ces matières hétérogènes combinées avec l'air est immense, et l'atmosphère dans laquelle nous sommes plongés, contient pour le moins autant d'exhalaisons que de vapeurs. Or, les vapeurs peuvent doubler le poids du sel de tartre et même le tripler, suivant Boërhaave. Se- ra-t-on surpris que la matière dense et solide qui forme les exhalaisons, puisse augmenter d'un dixième le poids des matières calcinées? Mais comment se formera cette réunion des matières terrestres répandues dans l'air aux parties des corps que l'on calcine ? Le voici ; de même qu'au premier coup de piston d'une machine pneumatique, l'air raréfié dans un ballon n'a plus la force de soutenir les molécules grossières qu'il contient, et les laisse retomber les unes sur les autres ; ainsi, dans la ealcination des métaux, l'air extrêmement dilaté par le feu abandonne les exhalaisons, qui s'accumulent et re- tombent précipitamment sur le métal exposé à l'action du feu. Si celte explication n'est pas vraie, le P. Beraud lui a donné les caractères de la vraisemblance, et lorsque son mémoire parut, la chimie ne connaissait rien de mieux sur cette ma- tière. S'il eût travaillé vingt ans plus tard, s'il eût pu mé- diter les expériences des Prieslley, des Lavoisier, des Morveau, peut-être eût-il hésité sur son opinion, peut-être eût-il fait des changements à son système ; mais une terre longtemps inculte ne produit pas tout d'un coup les plus riches moissons. Le travail du P. Beraud paraît renfermer des idées neuves, qu'il était difficile alors de contredire solidement; on y voit