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238                     LÉ P. BERAUD.

à son étude chérie tous les instants que lui laissait l'exacte
observation de ses devoirs. De la chaire de rhétorique de
Vienne, il passa à celle d'Avignon ; et enfin, en 1733, les
sciences le possédèrent tout entier et sans partage. Ce fut à
Aix, au lieu même où il y avait été initié dans son enfance,
qu'il commença à les enseigner aux autres. Il y professa
plusieurs années les mathématiques et la philosophie. Là, son
esprit avide de toute espèce de connaissances, trouva les
moyens de faire de nouvelles acquisitions. La ville d'Aix
possédait alors un magistrat, chef de la justice et intendant
dans la province, qui joignait aux vertus de son état le goût
des arts, l'amour des lettres: il accueillait les savants; le P.
Beraud était du nombre de ceux dont un homme en place
peut désirer l'estime, et M. Le Bret en était digne. Il se for-
ma entre eux une liaison que la mort seule détruisit, et dont
le P. Beraud proGta pour jeter les fondements de celle ré-
putation qu'il eut, à juste titre, dans la connaissance des mé-
dailles et de l'antiquité.
   Celte science méprisée de quelques uns, parce qu'elle est
quelquefois une manie pour d'aulres, fut pour le P. Beraud
ce qu'elle devrait être pour tout antiquaire, une ressource et un
guide pour l'histoire. Un médailler, un cabinet d'antiques
est un assemblage de témoins toujours prêts à déposer sur
les temps qui nous ont précédés ; mais ils ne répondent bien
qu'à ceux qui savent les interroger ; d'ailleurs ils ne sont pas
tous irréprochables, et il faut une certaine sagacité pour dé-
mêler ceux qui sont faux et les écarter. De tous les secours
qu'il put trouver dans ce nouveau genre d'éludé, le plus sûr
et le plus prompt fut sans doute la riche collection" de M. Le
Bret. Elle fut pour lui le meilleur livre, el il l'éludia si
bien qu'en peu de temps il fut en état d'en changer l'ordre,
et d'y porler cette méthode qu'un vrai géomètre porte par-
tout.