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   Voilà quelle était la sagesse du moine de Jérusalem, de ce Jé-
rôme que Luther honora de tant de haine en disant qu'il avait mé-
rité par ses écrits l'enfer plutôt que le ciel. Ce même hérétique
ajoutait : « Je ne connais aucun Père dont je sois l'ennemi autant
que je le suis de Jérôme, il ne parle que de jeûne et de virginité. »
Nul n'ignore que Luther avait des motifs personnels pour parler
ainsi.
   On ne voit pas que Jérôme, si empressé à recommander au prêtre
l'étude de la science des choses de Dieu, lui ait également conseillé
de se mêler activement aux mille fluctuations de la science du monde.
D'accord en cela avec tous les Pères de l'Eglise, il savait, en effet,
que la connaissance de Dieu renfermait l'élément utile de toutes
sciences; découvrait leur cause, leur but; servait à les diriger, et par
conséquent faisait découvrir leur esprit mieux que ne pourrait le
faire toute discussion minutieuse et passionnée sur les détails de
chacune d'elles. Par exemple, quelle nécessité au prêtre d'aller étu-
dier et combattre à part les doctrines de ces Bédouins qu'un voya-
geur voyait dernièrement adorer Satan, de même que le paganis-
me vouait autrefois un culte à Lucifer? Il suffit évidemment de sa-
voir d'une manière générale qu'en religion comme en philosophie le
libre arbitre conduit à de monstrueuses erreurs. Ce n'est que rare-
ment qu'il paraît utile de combattre, car les Evangiles et les livres
des Pères de l'Eglise sont toujours ouverts pour éclairer ceux qui
veulent être éclairés. Quant aux autres branches de la science re-
latives aux objets créés, la sagesse de Dieu les a livrées à la libre
discussion humaine comme l'aliment utile de notre esprit mobile ;
 et pourvu que l'homme ne perde pas de vue ce Dieu qui est le prin-
cipe et la fln de toute chose, il peut, à son gré, chercher à pénétrer
leurs secrets. « En dehors de la foi, et dans le vaste domaine des
expériences scientifiques, dit M. Collombet, créez et innovez, prê-
chez et poursuivez le progrès, à la bonne heure : la religion elle-
même y applaudira. » Dans le domaine religieux, l'Eglise veut aussi
le plus de progrès possible soit dans l'agrandissement du nombre des
croyants, soit dans l'extension de sa providentielle influence sur les
sociétés, soit même dans la plus parfaite intelligence par tous des
dogmes invariables. Voici à quelle condition : « N'y aura-t-il donc