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                         DE- SAINT JÉRÔME.                         235
entre ces deux points opposés le vrai et le faux, ne pouvait être
qu'une alliance adultère où le bien lui même devenant trompeur se
mettait forcément au service du mal, il apporta sans cesse l'ardeur
de son zèle à proléger l'éternelle intégrité de la vérité prêchée par
le fils de Dieu. Cette délicate et bien juste susceptibilité ameuta
souvent contre Jérôme et la fureur des païens et celle des hom-
mes qui n'avaient de chrétien que le nom ; souvent il dut se retirer
devant la persécution, mais jamais on n'obtint de lui une parole de
fatale concession à l'erreur combattue. Il témoignait admirablement
de l'indépendante franchise et de la liberté des enfants du Christ.
Un jour, par exemple, une troupe de Pélagiens vint attaquer le vieux
moine de Bethléem; son monastère fut pillé; plusieurs des personnes
dont il prenait soin furent massacrées, et lui-même n'échappa qu'à
grand'peine; aussi, écrivait-il quelque" temps après: "Notre mai-
son, en ce qui est des biens temporels, a été entièrement renversée
parles hérétiques; mais, grâce au Christ, elle est pleine de ri-
chesses spirituelles, et il vaut mieux ne manger que du pain, que de
perdre la foi. »
   Il fallait de tels hommes pour défendre visiblement la chaire do
saint Pierre à cette époque; et Dieu qui avait promis d'être toujours
avec elle, sut donner à Jérôme de glorieux exemples à suivre, de
nombreux compagnons dans la lutte et de brillants imitateurs. Dire
combien d'attaques ouvertes ou hypocrites l'Eglise eut à repousser,
de combien de falsifications et d'exagérations elle dut se défendre,
serait chose longue et difficile. Déchirée dans ses membres, elle
devait faire face à ses violents ennemis du dehors; si l'on doutait
encore de sa céleste origine, 'il suffirait, à coup sûr, pour s'en con-
vaincre, do regarder son laborieux établissement dans le sang des
martyrs, et le nombre de ses victoires si ardemment disputées, et
l'adresse et les talents et la richesse et la force de ses adversaires
maintenant oubliés. Qu'il nous suffise d'ajouter que pas une des
idées prétendues nouvelles qui ont défrayé jusqu'ici l'opposition aux
doctrines fondamentales de Rome n'a été omise dès les premiers
siècles^de l'Eglise. L'on a ramassé au hasard les vieux débris des
machines offensives, et la justice divine a permis qu'eu essayant
de les remettre sur pied, l'on ne nous rappelât pas même les noms