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234 HISTOIRE merveilleuse unité des Eglises, et servit puissamment à faire passer les préceptes et les conseils évangéliques dans la vie pratique de disciples qui voulurent sérieusement marcher à la suite de l'homme- Dieu. « Saint Jérôme n'avait certainement ni la forte intelligence d'Origènes, ni le vaste et compréhensif génie de saint Augustin, mais il valait beaucoup par un sens droit et ferme, par un esprit actif et précis, par une érudition étendue et variée, par une imagination vive et brillante. C'est une des figures les plus originales et les plus attachantes qu'il y ait dans l'histoire de ces temps-là . Saint Jérôme rendit à l'Eglise d'éminents services, autant par les digues qu'il sut opposer à l'envahissement de l'erreur que par l'impulsion qu'il donna aux chrétiens de son siècle. » Le christianisme comptait déjà plusieurs siècles d'existence et pourtant il n'avait point encore cessé de payer son tribut de sang aux persécuteurs. On s'est plu à répéter légèrement que ce qui avait aidé à l'établissement de la doctrine prêchée par les Apôtres c'était la décadence évidente du paganisme. Rien de plus inexact. Ainsi que le disait dernièrement encore un orateur et un écrivain chrétien, M.Pavy, le paganisme était alors ce qu'il fut toujours, un amas confus de croyances superstitieuses pour le peuple et de pra- tiques prudentes, politiques, mais sans grande valeur morale pour les classes opulentes ou lettrées. Le frappant tableau de Rome au IVe siècle, emprunté à cette histoire de saint Jérôme, et reproduit dernièrement dans la Revue du Lyonnais, montre assez combien était puissante l'influence païenne; on peut même dire qu'elle s'était accrue beaucoup, car l'ancienne énergie et les vertus civiques du peuple roi avaient fait place à un affreux débordement de licence énervante. Seulement pour mieux assurer sa position, le paganisme s'était fait philosophe, et il ue craignait point d'emprunter dans son langage quelques maximes à la morale chrétienne qu'il louait sans les pratiquer. Non, certes, le culte des idoles, c'est-à -dire la reli- gion des passions humaines déifiées ! ne mourait pas ; il ne mourra même jamais, car l'erreur ou le mal a son éternité comme le bien et le vrai ont la leur. Jérôme le savait, et comme son intelligence simple et droite comprenait aussi que toute alliance si faible, si dissimulée fût-elle