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226 ANCIENNES INSTITUTIONS RELIGIEUSES DE LYON. de me faire pratiquer tout ce que je devais pratiquer dans la suile, parce que, ayant perdu tant de temps dans ce monde, je n'en devais pas perdre un moment dans la sainte religion ; elle eut la bonté de condescendre à mes désirs, et de m'exemp- ter des prudentes attentions qu'on a pour toutes les commen- çantes; l'on me mit donc le balai dans la main, le premier jour de mon entrée. Laver la lessive ; tirer l'eau d'un puits très-profond, pour la communauté; frotter les tables du r é - fectoire ; porter loules les cruches de chaque sœur à leur place ; laver la vaisselle de terre à noire usage ; récurer les marmites et les poêles de la cuisine : tout cela fut une satis- faction pour moi, plus grande que ne l'avaient été mes an- ciennes mollesses. A ces occupations, qui durèrent quatre ans, succéda celle de faire les alpargates ou souliers de corde de loule la communauté, avec le soin de l'horloge, dont il fallait monter chaque jour, à force de bras, Irois pierres d'un poids énorme. Je fus neuf ans dans cet emploi, mais, comme il m'avait un peu dérangé l'estomac, on voulul bien m'en dispenser. «Après les trois premiers mois d'épreuves, l'on m'admit au saint habit, le 20 janvier 1725. L'archevêque me fit la grâce d'en faire la cérémonie. Tout Lyon y assista, malgré l'ex- trême rigueur du froid. « On avait peine à se persuader un lel changement, et, de mon côté, j'avais peine à me le persuader. Le souvenir du passé, el la vue du présent, ne me permettaient pas d'avoir besoin de secours étrangers pour m'entretenir avec le Sei- gneur. Ses miséricordes me rendaient mes anciens égarements plus odieux ; mes yeux étaient deux sources de larmes i n - tarissables. Quoique l'horreur de mes désordres fût pour moi le plus affreux supplice (comme il me l'est encore), je crus devoir faire servir à leur expiation cette riche constitution, et celte force au-dessus de mon sexe, qui me faisait autrefois