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204 DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE dans le présent, jugea convenable d'exposer, dans une intro- duction philosophique, sa manière de voir sur l'Eglise en gé- néral. Cette introduction, qui est, sans contredit, l'une des parties les plus caractéristiques et les plus intéressantes du livre dont nous parlons, peut seule nous occuper ici où il s'agit non de théologie, mais de philosophie. S'appropriant l'idée de la piété telle qu'elle a été déve- loppée avec tant de bonheur par Schleicrmacher, et consi- dérant qu'un des éléments inhérents à cette piété, c'est la tendance à l'association, Rolhe pense que l'Eglise ne peut être définie autrement que comme association purement re- ligieuse. L'Etat est pour lui, d'après une idée empruntée aux doctrines hégéliennes, une association essentiellement morale, c'est-à -dire qu'elle a pour but non pas seulement de con- duire ses membres à une prospérité extérieure non troublée et aussi parfaite que possible, mais, ce qui plus est, de faire parvenir les citoyens à la véritable moralité. Ces deux défini- tions étant ainsi posées, Rolhe s'efforce, d'un côté, de mon- trer que la vraie moralité ne peut exister sans une piété po- sitive, et doit nécessairement être religieuse. De l'autre côté, il prend surtout à tâche d'établir que la seule manière dont la vie religieuse peut et doit nécessairement se produire in concreto, c'est sous la forme d'actions moralement bonnes; que, par exemple, la véritable preuve de notre amour pour Dieu n'est autre que la fidélité aux devoirs de charité que nous avons à remplir vis-à -vis du prochain. De là Rothe conclut que le domaine de l'Eglise ne peut être nettement séparé de celui de l'Etat, et que, plus nous serons religieux et moraux, plus l'Eglise, dont l'idée est incohérente, sera absorbée par l'Etat devenant chrétien. D'où il résulte en der- nière analyse que le jour où l'humanité aura atteint la per- fection (et ce jour ne peut manquer d'arriver), l'Eglise dispa- raîtra complètement pour faire place à un Christianisme uni-