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           DANS LES UNIVERSITÉS DE ^ALLEMAGNE.              203

par des mots sonores et redondants, parvint à avoir le dessus
sur les oursins, et à occuper une seconde fois la position bril-
lante d'un autocrate philosophique. Il promettait toujours à
ses sujets crédules de leur révéler la science parfaite ; il ne
leur donnait, en réalilé, que des définitions de plus en plus
incompréhensibles de l'absolu. C'est ainsi qu'il régnait, cou-
vert de gloire, lorsqu'un jour, un aigle venu de loin (Paulus),
s'apercevant de la supercherie, arracha au prétendu roi, en
séance publique, les dépouilles dont il avait si bien su tirer
parti, et convainquit la nation entière des animaux, que le
chef qu'elle s'était donné était un animal tout roturier.
   Mais nous avons hâte de passer à des choses plus sérieuses,
de dire encore quelques mots d'un savant qui, quoiqu'il n'oc-
cupe pas de chaire de philosophie, est peut-être, à Heidelberg,
l'homme le plus richement doué de l'esprit philosophique,
et de jeter avec lui un coup d'Å“il sur une question dont, chez
nous surtout, tous les esprits sont préoccupés en ce moment.
Nous voulons parler de Rothe et de sa théorie sur les rap-
ports de l'Eglise avec l'Etat. Un livre qui a excité l'attention
générale des théologiens de l'Allemagne, et qui, môme sur la
rive gauche du Rhin, n'a pas passé inaperçu, mérite, de no-
tre part, une sérieuse considération.
   Le but que Rothe s'est proposé en écrivant « ses origines
de l'Eglise chrétienne, » c'était de faire voir, en théologien
impartial, la nécessité avec laquelle l'épiscopat a dû se déve-
lopper dans les premiers âges du christianisme. La démons-
tration de cette nécessité, la mise en relief de toutes les cau-
ses qui ont dû amener l'établissement de l'église catholique,
pouvait, aux yeux de plusieurs personnes, paraître équiva-
lente à une apologie de cet épiscopat et de cette hiérarchie
dout l'église protestante a secoué le joug servile. Pour préve-
nir ce malentendu, Rothe, aux yeux duquel ce qui a été
utile, nécessaire même, dans le passé, ne l'est pas pour cela