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DANS LES UNIVERSITÉS DE L'ALLEMAGNE. 195 lionne, se ralliant à l'étendard de la liberté humaine et de la personnalité divise pour faire la guerre (une guerre sérieuse, nous l'espérons ) au fatum panthéislique de l'école rivale, la philosophie nouvelle peut avoir bien des mérites. Nous ne la croyons pas exempte de contradictions, de théories arbitraires, de suppositions poétiques et dénuées de fondement. Il est per- mis aussi, ce semble, de mettre en doute la franchise si non de son théisme, au moins de son orthodoxie. Mais ce qu'il est non seulement permis mais nécessaire de proclamer, c'est qu'en refusant de se formuler et de se produire en public, alors encore quand toutes les circonstances extérieures engageaient puissammeut le philosophe taciturne à prendre la parole, « la philosophie de la révélation » s'est en quelque sorte jouée du monde savant, et a mérité peut-être les repro- ches amers et ironiques dont elle a été accablée ainsi que le coup de main par lequel elle a été mise à nu d'une manière si inattendue. Exposé désormais à être compris et jugé, Schelling ne put se résigner à son sort. Ce ne furent pas les commentaires et réfutations dont Paulus avait accompagné non sans quelque confusion le précieux document, qui intéressèrent le plus vivement le public, et mirent en émoi l'esprit du philo- sophe de Berlin. Ce qui piqua au plus haut point la curio- sité générale c'était le document lui-même ; ce qui tourmenta cruellement Schelling, c'était la fidélité scrupuleuse dont ce document portait l'empreinte. Ajoutez tout ce qu'il y avait d'ironique dans le fait qu'une philosophie qui prétend à une profondeur inconnue jusqu'aujourd'hui et à une ortho- doxie sans tache, se trouvait dénoncée au public, et, ce qui plus est, exposée pour la première fois en détail par un théo- logien qui n'est guère plus célèbre par son orthodoxie que par ses talents spéculatifs. Tout philosophe qu'il était, Schel- ling ne put supporter cet excès de malheur, et, comme toutes