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DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE. 191 future d'autre tâche que celle d'expliquer et d'appliquer les oracles infaillibles et les idées parfaites de la philosophie a b - solue. L'on pourrait au moins, en s'approchant des lieux où retentit autrefois la voix du prince des philosophes, espérer d'y trouver un mouvement philosophique bien prononcé, une propension décidée des esprits vers les sciences spéculatives et les recherches ontologiques, Ce serait là se tromper cruel- lement. Non seulement le système de Hegel ne compte à Hei- delberg pas un seul partisan, mais la vie philosophique elle- même est presque nulle dans cette antique et célèbre univer- sité. Heidelberg est fière en outre de quelques hommes qui seront à jamais illustres dans les annales du droit; elle possède des médecins de premier ordre, un historien des plus distin- gués de l'Allemagne, un archéologue dont la célébrité a d é - passé les limites de sa patrie, des théologiens justement h o - norés par les partis les plus divers à cause de leur tendance à la fois scientifique et conciliante; mais, sous le rapport delà pensée spéculative, cette ville qui a la gloire d'avoir offert jadis une chaire de philosophie à Spinoza, esl bien loin de pouvoir aspirer à l'un des premiers rangs parmi les univer- sités de l'Allemagne. Le beau château qui domine la ville est en ruines ; la ville elle-même devient de jour en jour plus gaie et plus animée : ainsi la science philosophique qui aspire vers des hauteurs difficiles à atteindre n'est guère cultivée par les disciples de Chelius et de Vangeron ; la science de la na- ture et celle des lois absorbent complètement presque tous les esprits. Il est néanmoins impossible qu'une université allemande ne prenne aucune part aux discussions philosophiques qui agi- tent de nos jours si profondément les pays d'outre Rhin, et qu'elle renie l'esprit national essentiellement spéculatif, au point de ne s'occuper nullement des problèmes de la métaphy- sique. Si donc à côté de 500 élèves en droit, de plus de 100 «