Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                     DU LION ET DP TIGRE.                      139

quelles vint se placer la bonne et naïve tête du monarque af-
fublée de la couronne qu'il rajustait à chaque instant. Alors,
recommençant sa lecture, il dit : « Milords et Messieurs, je
n'ai pu, faute de lumière, vous lire ce discours ainsi que son
importance le méritait, mais voici qu'on m'a apporté des bou-
gies ; je vais vous le relire d'un bout à l'autre, afin que vous
n'ayez rien à dire. » Le désappointement fut d'autant plus
grand parmi ceux qui avaient placé sur sa majesté leur espoir
de voir renaître le beau tems des tigres, que la place resta va-
cante, jusqu'à l'apparition de lord Byron qui fut pendant
quelques années le roi de la mode. Le dandysme anglais
conserve encore ses belles traditions de luxe et le cite comme
l'un des grands novateurs, et l'un des plus puissants génies
en matières de goût et d'élégance.
   Pendant les quinze dernières années qui viennent de s'écou-
ler trois ou quatre tigres se sont disputés le sceptre de la
mode ; M. Bail dont la calèche noire et les quatre chevaux
blancs ont fait la joie et l'orgueil d'Hyde Park , lorsque dans
toute sa gloire il conduisait lui-môme son magnifique attelage,
en restant parfait gentilhomme môme sur le siège du cocher.
M. Haine qui a longtemps brillé à Paris, et qui aujourd'hui
cache à Bruxelle son élégance évanouie, dépassa tous ses rivaux
par la splendeur de son luxe. En entrant dans la carrière il réu-
nissait tous les avantages : jeunesse, beauté, fortune; les
journaux n'étaient occupés que des prodiges de son faste. On
parle de sa toilette en palissandre qui lui avait coûté quinze
cents livres sterling, et d'une fantaisie poétique qui lui fil por-
ter un habit vert pomme au printemps de 1825, et un habit
feuille morte pendant l'automne de la même année. Il fut
remplacé par M. Bayly qui végète aujourd'hui au milieu des
huilres d'Ostende. Quand arriva le dernier jour de cette ma-
gnifique excentricité, lorsque les membres rigides du jury fu-
rent appelés à prononcer sur les droits des parfumeurs, des