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PHYSIOLOGIE DU LION ET DU TIGRE. 133 que actuelle les a vu renaître sous les bizarres désignalions de tigres et de lions ; erreur et confusion ! On ne sait rien de ces deux expressions, sinon qu'elles indiquent autre chose que le terrible roi des forêts et l'esclave obéissant de Van Ambourg. Notre érudition étymologique vient aujourd'hui éclaircir ce point obscur, et rendre à ces deux riches néolo- gismes, qui résument à eux seuls l'époque qui les vit naître, la place qu'ils n'auraient jamais dû perdre. Nous allons ex- pliquer leur origine, leur passage de la réalité au symbole, du sens propre au sens 6guré; nous allons dire l'histoire des deux espèces auxquelles appartiennent les noms que nous avons empruntés au jargon des dandies, à peu près à la ma- nière de ce voleur qui croyant dérober seulement un paquet de lin, fut bien étonné quand on lui montra que c'était du fil d'or. Quelques légitimes que soient nos prétentions à surpasser les Anglais sous de certains rapports, il en est pourtant où nous resterons toujours au dessous d'eux; cette humiliante infériorité se manifeste surtout dans un genre où leur réputa- tion est si solidement établie, que dans aucun pays, pas même en Hongrie où les Eslerhazy ont fait école, il ne s'est ren- contré, jusqu'à ce jour, aucune témérité assez fanfaronne pour essayer de lutter avec eux. On devine qu'il s'agit d'excentri- cité ; j'emprunte à dessein cette expression à nos voisins pour entrer de prime saut dans mon sujet. C'est à la civilisation britannique du dernier siècle que la fashion des temps modernes doit le nom zoologique des deux curieuses races dont nous avons à nous occuper. Il y a un peu plus de cent ans, que la Tour de Londres, outre ses arsenaux, ses précieuses collections d'armes des XVe et XVIe siècles, les insignes royaux, les bracelets de Marie Stuart, et la hache qui coupa le cou si mince d'Anna Boleyn, mon- trait encore aux curieux une ménagerie qui renfermait deux