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112                   TABLEAU ET SAC DE ROME.

Juvencus Martialis (1). Leurs bibliothèques restaient
éternellement fermées comme des sépulcres. Ils se
faisaient fabriquer des orgues hydrauliques, des ly-
res de la grandeur d'un char, des flûtes et d'énormes
instruments de théâtre. Les palais de Rome ne reten-
tissaient que de la voix des chanteurs et du bruit
des instruments.
   Cette vie frivole rendait égoïste et pusillanime. Le
moindre soupçon de maladie contagieuse était une
excuse qui dispensait les plus intimes amis de se ren-
dre visite, et si, par décence, on envoyait un domes-
tique savoir des nouvelles de cet ami, il ne rentrait
à la maison qu'après s'être purifié dans un bain. L'a-
mour de l'or était devenu partout une passion plus
vive que l'amour de la vie : c'était chose incroyable que
les divers genres d'obséquiosités dont on environnait
un homme sans enfants, et les ressorts que l'on met-
tait en jeu pour capter un héritage. La détresse, qui est
la suite et la punition d'un luxe extravagant, réduisait
bien des fois à des expédients nouveaux l'orgueil
des patriciens avilis. S'agissait-il d'emprunter? ils de-
venaient bas et rampants comme l'esclave dans la co-
médie. Fallait-il rendre le capital à un malheureux
créancier ? ils prenaient le ton impérieux et tragique

voluminibusimplicavit. FI. Vopiscus, inFirmo, cap. i.—Spartian., in Uadriano,
cap. 2 .
   (i) On lit, dans les meilleures éditions d'Ammien Marcellin, le nom de Juvé-
nal, qui est d'une littérature assez élevée pour se trouver très déplacé à côté
d'un écrivain ridicule. Nous avons donc suivi la conjecture et la leçon de
Reinesius, ad Ammian. lom. m, pag. 245. Si l'on n'adopte pas ses raisons, ce
n'est toujours pas Juvcnal qu'il faut admettre ici. Gibbon, loc. cit.