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IV' ET V e SIÈCLES. 107 laborieuses guerres, dans lesquelles ils ne se distin- guaient du simple soldat ni par leur nourriture, ni par leurs vêtements. S'ils paraissaient dans la ville, ces hauts personna- ges, qu'environnaient des escortes de serviteurs, brû- laient le pavé des rues par la rapidité de leur course, qui ressemblait à celle de la poste. Bien des matrones, imitant l'exemple des sénateurs, et, enfermées dans leurs basternes dorées que portaient des juments ou des mulets attelés l'un par devant l'équipage, l'autre par derrière, allaient errer dans tous les coins de la cité. On procédait avec ordre, et comme pour une expédition militaire. Les prévôts de la famille, c'est à dire de la domesticité urbaine arrachée alors à ses travaux, portant en main une baguette, symbole d'au- torité, distribuaient et rangeaient la nombreuse suite des serviteurs et des esclaves. Le bagage marchait en tête; venaientensuite les cuisiniers et leurs subordonnés. Le corps de bataille, composé d'esclaves, était grossi par la tourbe des plébéiens oisifs ou de clients, qui s'y mêlaient. Une bande d'eunuques formait Farrière- garde; ils étaient rangés selon leur âge, depuis les plus vieux jusqu'aux plus jeunes, et l'on ne voyait pas sans une douloureuse répugnance dénier ces visages bla- fards, ces corps livides et difformes. Les Docteurs de l'Eglise reprenaient vivement dans les matrones chrétiennes ce misérable faste. Saint Jean Bouche-d'Or et saint Jérôme tiennent le même langage, à la distance qui les sépare soit pour le pays, soit pour la hiérarchie. Le premier réprouve ces bi- joux que la femme promène partout, ces troupeaux