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102                TABLEAU ET SAC DE ROME.

sur cette étrange agglomération d'habitants qui ne te-
naient plus les uns aux autres par des liens solides,
par une pensée commune et forte ? Lorsque tant de
danseurs et de danseuses, de comédiens, de bouffons
et d'eunuques affluaient à Rome, au milieu d'une po-
pulace avide de spectacles et d'oisiveté, l'embarras que
Rome trouva toujours dans la difficulté de s'alimenter,
devint plus sérieux et plus menaçant que jamais.
   En 397, Gildon, qui régnait momentanément en
Afrique, avait empêché le transport habituel des blés
de cette province. C'était de l à , c'était de Léontium
en Sicile, et aussi de la Sardaigne que Rome tirait son
approvisionnement en grains (1). L'Egypte envoyait
ses froments à Constantinople (2). 11 fallait donc, pour
épargner une famine à la ville de Rome, se rejeter sur
les Gaules et sur les Espagnes; amener aux bouches
du Tibre les approvisionnements venus du Rhône et
du fertile Arar, et emplir de moissons ibériennes les
greniers étonnés (3). Tout autre ministre que Stilichon
eût difficilement sauvé la Ville (4).

  (i)           Respice num Libyci désistât ruris arator
                Frumentis onerare rates, et ad Ostia Tibris
                Mittere triticeos in pastum plebis acervos?
                Numne Leontiui sulcatorsolvere campi
                Cesset frugiferas Libybaeo ex litore cymbas?
                Nec det vêla fretis, romaoa nec horrea rumpat
                Sardorum congesta vehens granaria classis ?
                                         Prudent, in Symrrt. a, 936-942.
  (2) Claudian. de Bello Gildon. 62.—Symmacbi Episi. x, 22. Notes de
Faustino Arevalo sur Prudence, toc. cil.
  (3) Claudian. in Eulrop. 1, 401.
  (4) De laud. Stilich. u, 94 ; m > 9 1 .