page suivante »
DES PÈRES DE L'ÉGLISE DE LYON. 15 se chargèrent de plaider la cause de l'Evangile devant les sages et les puissants du jour. Souvent le génie chrétien eut à se mesurer avec le génie païen : Origènes contre Celse ; Méthodius, Eusèbe de Césarée et Apollinarius contre Por- phyre. L'apologie arrivait sous toutes les formes, tantôt comme traité spécial, tantôt comme digression dans une exégèse bi- blique. Quelque studieux chrétien consultait un prêtre, un évêque; la réponse ne tardait pas, et c'était une lettre qui faisait le tour des Églises. La plupart des Lettres de saint Jérôme, par exemple, ne nous sont arrivées que de cette manière. Combien de trésors perdus, qui sont énumérés ça et là dans les ouvrages des Docteurs, mais dont il ne reste que le titre ! Quel vaste naufrage dans lequel sont allés s'en- gloutir des écrits dont on nous vante la science et l'habileté ! Mais, Monseigneur, il reste assez de richesses qui ont heu- reusement surnagé, et c'est là le trésor de l'Eglise. Là , tour à tour ont puisé d'autres Docteurs, qui se sont approprié, pour la défense et la propagation de la même doctrine, ces trésors d'éloquence et d'érudition. Le grand siècle de Louis XIV nous dirait que Bossuet s'était nourri et inspiré surtout de l'étude des Pères, et chacun sait combien il excelle à s'en approprier les traits les plus pénétrants. Il part quelquefois d'une simple expression, et le voilà qui l'agrandit et l'élève de toute la splendeur de son génie. Cela est vrai surtout pour les com- munications de Bossuet avec Tertullien. Quand l'évêque de Meaux a fréquenté un instant le prêtre de Carthage, c'est pour ajouter aussitôt à ce rude parler, déjà si rapide et si foudroyant. Lorsqu'on a fait valoir les avantages de l'étude des Pères, on s'est généralement arrêté à des livres reconnus de tous comme ayant un cachet particulier de prééminence, et l'on a trop oublié, ce me semble, les écrits secondaires, si nom- breux et si variés dans leurs formes. Ce n'est pas en se pre-