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352        LE DOCTEUR ANTOINE BOUCHACOURT

semble le voir encore assis sur ce fauteuil, remplissant ses
fonctions avec l'autorité que son nom lui donnait. Ai-je
besoin d'ajouter : avec courtoisie, dans une enceinte où
chacun à l'envi se soumet à ses lois ? Mais je vous rappel-
lerai volontiers sa physionomie intelligente et fine, où la
douceur se mêlait si bien à la distinction.
   En 1886, six années après sa présidence, il a demandé et
obtenu l'Eméritat, sans pour cela cesser d'assister à nos
séances. Il a pris part aux élections jusqu'au moment où
il a été privé simultanément de la vue et de l'ouïe. Une fois
cependant, malgré cette double infirmité, il a pu faire par-
venir dans l'urne un bulletin qui n'était secret pour personne.
    Qu'on i'^i pardonne d'avoir manqué une fois au règlement.
    Dans cette vie, si calme et si pure, on voudrait ne
trouver aucun jour assombri. Mais hélas ! la coupe des
douleurs qu'il avait si souvent écartée des autres, s'est
approchée deux fois de ses lèvres ; il en a supporté l'amer-
tume, le regard levé vers la Source d'où nous viennent les
épreuves, mais aussi les consolations les plus sûres.
    C'est d'abord la première compagne de sa vie, M"e Pon-
chon de Saint-André, qui lui est enlevée, en mettant au
monde son premier enfant. Plus tard, une fille unique que
lui avait donnée sa seconde compagne, Mlle Zacharie, subit
le même sort dans des circonstances plus tristes encore.
Elle était mariée loin de lui et une brusque nouvelle lui
 annonça que la mère et l'enfant venaient de succomber !
    Sa foi toujours ferme et vive l'a soutenu dans ses cruelles
 épreuves. S'il a souffert, il a eu aussi de bien douces conso-
 lations, qu'il a trouvées dans l'affection de sa famille et le
 pieux attachement de ses disciples. Mais sa joie a été surtout
grande, quand il a vu son plus jeune fils embrasser la carrière
 médicale et signaler ses débuts par de beaux succès.