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DE NOTRE HISTOIRE MILITAIRE 303 yeux noirs d'acier, froids, secs, perçants ; sa physionomie rappelait un peu celle d'un bouledogue, mais d'un boule- dogue intelligent. Au moral, c'était une nature très bizarre, très rude dans la forme, quelquefois d'une sécheresse de cœur navrante, même dur à l'extrême et sans motif avec les gens les plus dignes d'égard et d'estime; par moments, au contraire, affectueux et délicat, capable de dévouement et d'affection, surtout quand on perçait son écorce; plein d'esprit, mais d'un esprit souvent méchant, très fin, il ne pou- vait, quand une saillie lui venait à l'idée, la garder pour lui, et souvent il se fit de terribles ennemis pour avoir,d'un mot acéré, touché au vif bien des vanités. Inaccessible au décourage- ment, quand il avait un but, il le poursuivait jusqu'au bout; pour amener à bonne fin une entreprise, il eût été impi- toyable (1). » Le Maréchal Baraguey-d'Uilliers, 1795-1878, rie fait guère qu'apparaître dans la gloire de son expédition de Bomar- sund et du commandement du 1" corps d'armée en Italie (2). Le Maréchal Vaillant porte avec honneur le lourd fardeau du Ministère de la guerre de 1854 à 1859. Le Maréchal Randon, avant de lui succéder, nous apparaît avec la gloire de ses heureuses expéditions de Kabylie, 1854-57. Le Maréchal Nid, 1802-1869, « relit en 1857, avec un vif intérêt, les discours que Castellane a prononcés à la (1) Le Maréchal Canrobert, p. 440-41. (2) Voici ce qu'en disait le Maréchal Canrobert : « De tournure élégante, grand, mince, avec des traits distingués,... plus que vert dans son langage,... Baraguey-d'Hilliers, qui avait perdu un bras à Leipzig,...était un officier brillant, très brave, mais très exigeant et d'une susceptibilité exagérée. » Le Maréchal Canrobert, p. 381-2.