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I70 LE CURÉ DE1 DORNHEIM
service comme berger. Ignorant, grossier, redouté, dans le
pays, il trouva néanmoins à se marier. Sa femme était de
même condition que lui; leurs enfants, sauvages comme
eux, n'allaient ni à l'école, ni à l'église. On expulsa Bastian,
mais il revenait chaque soir passer la nuit dans une hutte.
On l'expulsa de nouveau avec sa famille; on les conduisit
à la frontière pour s'en débarrasser : une âme compatis-
sante eut piété d'eux et leur obtint la permission de venir Ã
Arnstadt. L'ancien curé de Dornheim qui, sur ses vieux
jours, avait été envoyé à Breitenbach (1), les fit venir dans
ce dernier village. Il essaya de les instruire, de leur
apprendre au moins le Pater et quelques passages des écrits
de Luther. Tous ses efforts furent inutiles; le berger, alors
âgé de cinquante-quatre ans, et sa femme, manquaient,
l'un et l'autre, d'intelligence et de mémoire : ils ne purent
jamais apprendre le Pater.
Tels sont les principaux faits que nous raconte, dans ses
mémoires, le curé de Dornheim. S'ils ne nous apprennent
rien de bien nouveau, ils confirment du moins ceux que
l'on connaissait déjà , et les appréciations qu'il en donne,
les détails qu'il y ajoute ne paraîtront peut-être pas complè-
tement dénués d'intérêt.
E. CHARVÉRIAT.
(1) Thomas SchmiJt avait 58 ans en 1640.