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22               UNE VISITE ARCHIEPISCOPALE

ses proches le lui conseillaient, au moins par leur exemple.
Il était avancé en âge, privé de postérité directe ; il avait
hâte de décharger sa conscience, de nettoyer ses mains et
de préparer son éternité. Si les pensées qu'on lui prête,
dans le préambule du premier engagement qu'il a délibéré
et signé, sont tout à fait les siennes, elles annoncent une
âme"élevée, instruite, généreuse, familière avec la plus
pure doctrine de l'Evangile. Il tient en effet, dit-il, à
restituer à Dieu un peu des biens qu'il en a reçus et qui
lui ont été maintenus, malgré ses fautes; avec ce qui est
transitoire, il désire acquérir ce qui dure toujours; il
convient que, si nous sommes sages, puissants et riches par
le bon vouloir de la Providence, ces bienfaits, supérieurs à
tout mérite de notre part, nous engagent à convertir le
mal en bien, à sortir du péché par une sincère pénitence ;
en agissant de la sorte, nous n'obligeons pas le Seigneur à
regretter ses faveurs et il ne nous est pas désastreux d'en
avoir été comblé ( i ) .
  Ce contrat, qui débutait dans le ton d'un sermon, rédigé
dans un des derniers mois de l'année 1018, fut immédiate-
ment approuvé de part et d'autre. L'abbaye, depuis quelques


   (1) « Quid nobis est agendum, nisi ut perpétua mereamur quse de
his possidemus transitoriis ?... A Deo enim omnia nobis bona, tjus
gratia prseveuiente, donantur, qui interdum peccantibus nobis sua
dona non retrahit, quotidièque expectat, ut ad spera divin» propitia-
tionis humana mens consurgat.
   « Quod enim sapientes, quod potentes, quod divites sumus, non
alterius, sed potius diviuo munere sumus ; vitam ergo optime divinis
beneficiis, id est ut convertamur de malo in bonum, de peccatis ad
veram pœnitentiam, quatenus et Dominum non pœniteat dédisse et
nobis accepisse sit utile. »
   Cartul. de Savigny ; n° 652 : De Ecclesia Sancti JuHani de Sal.