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494                            NÉCROLOGIE.
   Mais c'est surtout comme professeur que Jf. Idl mérite de conserver nu
nom. Tout entier à son noble et délicat emploi, il se préoccupait constam-
ment de l'obligation de former à la fois l'esprit et le cœur de ses élèves,
et celui qui trace ces lignes gardera loulo sa vie uti religieux souvenir de
ses excellentes et paternelles leçons. Aussi contribua-t-il puissamment à
développer les dispositions naissantes de plusieurs jeunes hommes qui
depuis ont paru avec un certain éclat sur la scène du monde, et parmi les-
quels il suffira de citer M. Sauzet, l'éloquent orateur et l'homme d'Etat
plein de droiture, le comte Ennemond de Blonay, l'habile diplomate, et
Jules Servan de Sugny, le profond humaniste et l'élégant traducteur de
Théocrite. M. Idt ne négligeait rien de ce qui pouvait enflammer le zèle et
exciter l'émulation de ses disciples, et c'est dans ce but qu'il redonna une
nouvelle vie à une heureuse fondation de Mgr de Montazet, archevêque de
Lyon : je veux parler de l'Académie des lauréats du collège de Lyon. Ceux
des élèves qui avaient obtenu le plus de prix pendant leurs études formaient
une petite compagnie littéraire qui se réunissait quelquefois et avait même
des séances publiques. Chacun de ses membres avait le droit de porter une
décoration d'or, à cinq branches, suspendue à un ruban violet bordé d'un
liseré orange. Combien d'anciens élèves du Lycée de Lyon qui, dans le cours
de leur vie publique, ont eu la poitrine chamarrée de décorations, s'en
sont moins glorifiés intérieurement que de ce premier signe de distinction
obtenu sans intrigue et par leur seul mérite à l'aurore de leur existence (1 )!
   Homme de bien dans toute la force du terme, chrétien fervent et d'une
foi antique, M. Idt est mort plein de jours et de bonnes Å“uvres, mais aussi
accablé des infirmités qui sont le triste apanage de la vieillesse. Presque
entièrement aveugle, il se traînait chaque jour, appuyé sur le bras d'une
domestique, à l'église de Saint-François de Sales, dans le voisinage de la
quelle il demeurait et qui lui a servi comme de marchepied pour montei
au ciel.
                                                            ED. SERWN DE SUGNY,
                                       Ancien magistrat, membre de l'Académie
                                                  et Je la Société littéraire de Lyon.

  ( i ) M. le baron Rambaud, qui fut tour à tour pioemeur-gériéral, maire de Lyon . j .
député, attacha toujours, ainsi que l'a dit M. Fleury Durieu dans son discours de réception
à l'Académie prononcé le 23 janvier iHf>5, le plus grand prix au titre de membre (le cetto
Académie de collège qu'il avait obtenu sous les Oratoriens, I, auteur de cet article, qui
l'obtint aussi plus tard, n'en est pas moins fier aujourd'hui.