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MANUSCRITS D'ITALIE. 467 raient pas même tenté l'entreprise, et nous posséderions tout entier , un des plus beaux ouvrages de Cicéron , celui qu'Alexandre Sévère méditait sans cesse (1), Au reste ce manuscrit et plusieurs autres Palimpsestes découverts dans les grandes Bibliothèques. de l'Europe , sont venus nous apprendre que si nous avons perdu tant de chefs-d'œuvre, ce n'est point aux Barbares qu'il faut s'en prendre , comme on l'a cru si longtemps , mais bien a quelques religieux qui, dans la disette de parchemin , suite de l'occupation de l'Asie mineure par les Turcs (2), ont détruit une multitude d'ou- vrages précieux, qui, pour eux, n'étaient que des livres pro- fanes , en ont lavé et gratté l'écriture , et se sont servis des feuillets , ainsi dénaturés, pour transcrire la Bible, ou les œuvres des Pères de l'Eglise. On nous montra également le célèbre Virgile, du Vatican, qui partage, avec celui de Florence, le titre de Patriarche de tous les manuscrits de ce grand poète. Ils sont tous les deux du IVe siècle, mais, chose singulière, ils diffèrent l'un de l'autre par l'écriture et par l'orthographe. Il est un point sur lequel ils s'accordent, c'est qu'on n'y trouve pas les quatre vers : Ille ego qui quondam.. placés en tête de l'Enéide dans la plupart des éditions modernes. Les partisans de ces quatre vers, pour échapper à une preuve aussi concluante, prétendent, sur la .foi de l'auteur inconnu d'une Vie du poète, faussement attribuée au grammairien iElius Donat(3), (!) Lamprid, in Alex. Sev., cap. 30. (2) Le parchemin se fabriquait surtout à Pergame (aujourd'hui Bergamo), c'est de là qu'il tire son nom latin Ptrgumena charta, dont on a fait par- chemin. (3) La Biographie universelle qualifie ainsi cet ouvrage : « c'est un mi « sérable tissu de contes plus absurdes les uns que les autres, et que l'on « écarte avec raison, depuis longtemps, de toutes les éditions de ce grand v poète, tom. si, p. 542. »