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462                      MANUSCRITS D'ITALIE.

vrai, préservés de l'humidité (1); mais, en revanche , ils
se trouvaient tellement carbonisés par l'action des cendres
brûlantes, qu'ils tombaient en lambeaux quand on voulait les
ouvrir. Bien des efforts furent tentés, et bien des Papyrus
furent détruits dans des expériences ; mais , enfin , après
divers essais infructueux en France et en Angleterre, un
Génois , le P. Antonio Piaggi, de l'ordre des Ecoles Pies (2)
eut la gloire de découvrir un mécanisme à l'aide duquel, à
force de temps, d'adresse et de patience, on peut dérouler
et lire ces volumes, presque entièrement. Je dis presque,
car j'ai remarqué que, dans les livres ainsi déchiffrés, il
existe de nombreuses lacunes qui ont été remplies par les
conjectures des savants chargés de ces publications. Je ne
donnerai pas la description de la machine à dérouler ; elle se
trouve dans presque tous les Voyages d'Italie.
   La découverte de ces Papyrus, et plus encore celle du
moyen de les lire, firent naître les plus grandes espérances
parmi tous les savants de l'Europe. On crut retrouver la tout
ce qui nous manque de Cicéron , de Salluste , de Tite-Live ,
de Trogue Pompée, de Lucilius, de Varius et d'une foule
d'auteurs dont nous n'avons que les noms ou quelques frag-
ments (3). Jusqu'ici cet espoir a été complètement déçu. H
est vrai, et hâtons-nous de le dire , qu'il n'y a encore que

   (1) C'est précisément cette humidité qui fait qu'on ne trouve aucun
papyrus dans les fouilles de Pompéî. La couche de cendre qui recouvre
cette ville, a donné passage aux eaux pluviales, et l'on comprend qu'aucun
manuscrit n'a dû résister à cette cause de destruction.
  (2) Winckclmann, Lettre au comte de BriiM, pag. 95.
   (3) Dans un voyage estimé ( Classical Tour through Ilaly, by Eustacc
Chettwood), on exprime l'espoir d'y retrouver aussi ce qui nous manque, de
Tacite. Pour apprécier ce que vaut cet espoir, il suffira de remarquer que
sous Titus, lors de l'éruption qui détruisit Herculanum , Tacite n'avait en-
core rien publié. Ses premiers ouvrages ne parurent que sous Trajan, c'est-
à-dire environ vingt ans plus tard.