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                           NÉCROLOGIE.                          413

Ce petit volume, les Voix de l'Albarine, publié par souscription, fut
bien accueilli par la presse locale et l'édition fut rapidement écou-
lée. C'est tout le succès qu'ambitionnait notre auteur. Il n'avait
pas eu la prétention d'attirer l'attention de la presse de Paris, la
province est trop petite et Paris est trop loin, ses vœux ne mon-
taient pas si haut, et la gloire de famille, la satisfaction _d'être
applaudi par ses compatriotes et ses amis lui suffisaient.
   Quelque temps après la publication de son volume, la Société
d'Emulation de l'Ain le reçut parmi ses membres correspondants,
et il nous disait, en nous serrant les mains avec toute l'effusion
de son âme, combien cette distinction l'avait touché.
   Depuis lors les progrès de sa maladie parurent marcher plus
rapidement ; à mesure que ses forces diminuaient, il écrivait da-
vantage. Les journaux du département donnaient toujours plus
souvent des pièces de vers signées de lui. Son talent grandissait,
son style devenait plus souple, plus harmonieux. Nos lecteurs ont
pu apprécier notre poète dans le petit Dénicheur, charmante élé-
gie qui commence ce numéro de la Revue. Voici encore trois ou
quatre strophes que nous trouvons aussi remarquables et qui sont
tirées d'une autre élégie : le Soir près du Moulin, publiée par
l'Abeille duBugey; qu'où nous permette encore-cette citation.

       Mais lorsque j'arrivais près de la luzernière,
       Dont le champ tout fleuri bordait l'étroit chemin,
       Le chemin qui serpente ainsi que la rivière,
       J'allais toujours m'asseoir là bas sur une pierre,
       Penchant mon front pensif appuyé dans ma main.
        C'est que j'aimais à voir, au bord de l'eau courante,
        La maison du moulin aux murs coquets et blancs,
        Et qui mirait son front dans l'onde transparente,
        Tandis que sur son toit flottait la frange errante
        D'un grand peuplier vert et des saules tremblants.
        J'aimais les mille bruits et le vague murmure
        Qui semblaient de ce lieu sortir à chaque instant,
        La voix des eaux mêlée aux voix de la verdure
        Et, plus forte que tout, montant par la toiture,
        La chanson du tic-tac que chantait le,battant.
        Le soleil en partant jetait à la croisée,
        Où riaient quelques ileurs, un long rayon d'adieu :