Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
382                     LETTRES INEDITES

 homme de l'autre monde el qui n'a rien de ce qu'il faut pour
 plaire ?Seroit-ce sur Àriste, sermonneur ennuyeux toujours
 à contretemps, ennuyeux moraliste, qui a toute la pédanterie
 d'un provincial qui a lu quelques auteurs? encore moins. Ce
 n'est pas non plus pour des valets que vous vous intéressez?
 mon dieu non. Reste les deux jeunes gens , l'un est une
 petite fille qui sort du couvent, une espèce d'Agnès imbécille,
 qui n'a rien vu , qui ne joue qu'un rôle passif dans la pièce ,
 et qui ne provoque aucun intérêt. L'autre est un petit étourdi
qui n'a que du verbiage pour esprit, et qui n'aime pas même
 véritablement, car on s'aperçoit que son retour n'est pas
 très-sincère , et que la réflexion y a plus de part que l'amour.
Voilà , si je ne me trompe , tous les personnages , je n'en
oublie aucun. Avez-vous entendu parler de l'intérêt de curio-
sité ? mais il est à peu près nu! ici. On se doute bien , pour
peu qu'on ail d'usage du théâtre , de ce que sera le dénoue-
ment. L'intérêt de curiosité est donc nul el ne perce pas même
par les détails de l'intrigue qui sont infiniment trop simples
pour stimuler beaucoup ['atlenlion. Soyons justes, le Méchant
a bien assez d'autres mérites sans lui en prêter d'imaginaires.
Cet ouvrage vivra éternellement par la vérité des caractères ,
la beauté des détails et surtout par le style , et c'est sous ce
rapport surtout que celle comédie est un véritable chef-
d'œuvre, el fait époque dans notre siècle. Si nous voulons exa-
miner la Métromanie sous les mêmes poinls de vue , c'esl-
à-dire comme pièce inléressante , nous verrons qu'elle réunit
tous les genres d'intérêt que comporte la véritable comédie.
Depuis le premier jusqu'au dernier vers on y prend le plus
vif intérêt à Damis qui est l'homme du monde le plus spirituel,
le plus brave , le plus aimable , et qui réunit tous les moyens
de plaire et d'intéresser , et qui est en outre un amant pas-
sionné. Piron , outre le but moral de la pièce , qu'il ne paroît
pas abandonner, a voulu faire une forte satyre des femmes en