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LETTKES INÉDITES 373 à quart de part, où il étoit aimé de tous ses camarades, et où, en travaillant, il eut fini par ramener à lui le public, qui l'avoit très-bien traité autrefois, car il avoit été quatre ans pensionnaire avant la réception de M. de La Rive. Je lui ai fait valoir tous ces motifs avec toute la chaleur de l'amitié ; j'ai été jusqu'à me mettre à ses genoux pour le conjurer de rester à Paris ; mais sa résolution étoit prise, el sa femme, d'ailleurs, qui s'y déplaisoit, contribua beaucoup a sa retraite. Je ne doute pas qu'il soil bien plus médiocre aujourd'hui qu'il étoit autrefois, car un acteur qui quitte Paris dégénère sensiblement en province, et MUe Si-Val en est un triste exemple. Il est bien hardi, ce Ponleuii, d'oser jouer Néron et la dame Fleury Agrippine. Ces marauds ignorent-ils donc que les talents de Lekain, de Brizard et Monvel, de MIIe Du- ménil s'élevoient à peine à la hauteur de cet immortel ouvrage ? Il doit être pour eux l'arche sacrée. C'est, sans contredit, Ja tragédie de Racine la plus difficile à jouer ; on peut dire qu'elle ne l'a pas véritablement été à la Comédie Françoise depuis la mort de Lekain. La Rive fut hué dans Néron, dans un temps où il étoit déjà en possession de plaire au public, el il ne s'y est pas essayé depuis. Et l'on ose jouer celte tragédie au théâtre subalterne de Lyon ! Il n'y a pas un acteur à Lyon en état de jouer seulement Narcisse, et comment osent-ils se charger de Néron, de Burrhus, à 'Agrippine, de Britannicus, forcenés et exécrables coquins ? El votre parterre voit cela de sang-froid, et il ne s'élance pas tout entier sur le théâtre pour chasser ignominieusement l'indiscret histrion qui souille et déshonore ainsi un des premiers chefs-d'œuvre de la scène l'rançoisei 0 vengeance! ô hontel Mais vos Lyonnois sont si stupides qu'ils ne s'aperçoivent seulement pas de ce qu'on joue, ni comme on joue Quant à voir ]oaer Sylvain à sa place, j'aime mieux boire; car c'est le plus ennuyeux opéra