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 334                      PEDOR ET LOUISE.
   Ces paroles réjouirent le père : i! se remit avec plus de plaisir
à son travail quotidien.
   En partant Louise dit à son frère : —• N'est-ce pas mieux ainsi
que si je lui avais jeté les vingt sous de la tante ou si j'avais répété
à mon père ses paroles offensantes ? Il faut tout arranger pour le
mieux, dit notre maître dans son huitième commandement. C'est
ce que j'ai fait et je m'en réjouis. Fais aussi comme moi.
   Fedor ne répondit rien. Mais plus tard, lorsque Louise ba-
layait leur petite chambre, il rentra en criant. — Louise, tu es
vengée et le pigeon volé est payé. Je l'ai si bien touché qu'il
s'en souviendra toute sa vie. Une trace de sang s'étend jusqu'au
grenier ; viens voir , tu te convaincras comme mon bâton a
bien porté !
   La vue du sang cause toujours une certaine émotion, surtout
chez l'enfant. Lorsque Louise eût vu cette suite non interrompue
de gouttes de sang, sa colère contre le voleur de pigeons fit
place à la pitié !
   — Comment as-tu pu maltraiter ainsi cette pauvre bête ?
dit-elle tristement à Fedor ; elle n'a pas d'entendement et ne
peut comprendre que voler soit mal fait. Elle a seulement suivi
son instinct. La faute en est à moi, si je n'ai pas fermé la fenêtre.
   — Tu es toujours la même, reprit Fedor en colère, rien ne
peut mériter ton approbation. D'abord tu voullais voir asso
mer tous les chats, et maintenant tu viens à leur secours.
Mais Louise suivant la trace du sang arriva jusque derrière un
fourneau où elle vit un spectacle attendrissant.
   Là était une chatte auprès de deux petits ; ils léchaient le
sang qui s'écoulait de la blessure de leur mère. Cette pauvre
mère, oubliant sa douleur, léchait aussi ses petits en les cares-
sant. Elle ne poussait aucun cri, aucune plainte. A quelques os
de pigeon qui étaient dans le nid, Louise reconnut que cette
chatte avait volé par amour pour ses petits ; elle fut complète
ment désarmée.
  Promets-moi, cher Fedor. dit-elle, de ne faire aucun mal à
ees pauvres bêtes.
  — Hem ! répondit Fedor : je ne puis souffrir les chats. Leurs