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DES INSCRIPTIONS ANTIQUES DE LUGDUNUM. 277 Il se composait d'éléments bien divers, des Gaulois indigè- nes, des Viennois admis sur le sol des Segusiaves par le décret du sénat, d'affranchis, des soldats romains devenus colons, d'étrangers domiciliés h Lugdunum, enfin de nom- breuses corporations d'ouvriers. J'ai parlé autre-part des Gaulois et des Viennois. On a vu quels étaient les droits des citoyens libres ; les affranchis (liberti, colliberti, libertini) ne les possédaient point, du moins en totalité. On les admettait peu aux charges publi- ques ; ils n'avaient pas le droit de suffrage, ils n'étaient ins- crits ni dans les tribus ni sur le rôle des légions, hors dans le cas d'urgente nécessité. La condition des affranchis s'amé- liora beaucoup sous les empereurs ; ils parvinrent a un haut degré de considération et de puissance. Voici des noms d'af- franchis habitants de Lugdunum dont les inscriptions ont conservé le souvenir : Claudius Rufinus , Publius Primus Eglectianus, Uxassonius Niger, Lucius Secundus Fruendus, Natius Lucens, Caius Valevius Montanus, Lucius Maternus Maturus ; on en lira d'autres encore dans ce recueil des ins- criptions. Beaucoup d'étrangers habitaient Lugdunum ; ceux-là ve- naient de Trêves, ceux-ci d'Afrique, plusieurs delaBatavie: c'est ce que révèlent les inscriptions. Un grand nombre sur- tout appartenaient à la Grèce et a l'Asie : parmi ceux-ci, la l'une qui participait à la puissance souveraine, l'autre qui en était exclue {optimo jure, non optimo jure cives). Ceux de la première classe pouvaient seuls voter dans les tribus et parvenir aux honneurs (suffragium et honores). Si on applique la même distinction et les mêmes termes à la constitution des villes, on voit dans les seuls déclinons les citoyens véritables, cives optimo jure, et dans le reste des habitants {plebeii) les cives non optimo jure ; Auguste prépara cette innovation, lorsque, ayant permis aux municipes d'envoyer leurs suffrages écrits pour les élections de Rome, il n'étendit pas ce droit à tous les habitants, mais le restreignit aux décurions. — SAVIGSY, ouvrage cité, I, 43.