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216                DES ORIGINES DE DEVOIR.

progrès, par cela seul qu'il a fait luire sur elle la lumière
supérieure qui devait non la contraindre, mais la guider, non
étouffer sa raison, mais la rétablir. C'est ce qui a été fait
par l'enseignement de la fraternité des hommes comme en-
fants de Dieu, et de plus par leur adoption dans le Christ,
fils de Dieu, par la communion des œuvres, par l'égalité de
l'appel et des destinées. La loi de charité s'est toul naturelle-
ment entée sur ces prémisses, et le monde, dans sa liberté
et dans sa raison, s'est mis en marche.
   Nous avons dit que l'Evangile est un principe. Or, un
principe procède par développement; il produit ses consé-
quences et s'étend. C'est par le christianisme que l'humanité
poursuit sa lâche qui est de se faire elle-même. Là où il
s'est implanté parla foi, tout n'est pas achevé. Ce n'est pas
assez de s'être emparé des croyances, s'il ne s'empare, par
un travail constant et sans relâche, des cœurs, des mœurs,
des institutions. Certes, le principe en vertu duquel l'escla-
vage a été aboli dans le monde chrétien existait dès le pre-
mier jour ; mais il lui a fallu des siècles pour renverser l'em-
pire des faits. Les conquêtes de l'esprit ne se font pas partout
au môme jour; mais à mesure qu'elles s'opèrent, de nouvelles
lois morales, des devoirs jusques-là non formulés surgissent
pour gouverner le monde. Toutefois, qu'on nous entende.
Nous ne disons pas avec les sceptiques : vertu de ce côté-ci
de la frontière, crime au-delà. Le devoir est absolu et im-
muable ; le bien est le bien partout et toujours. Ce qui est
successif, c'est la conception du bien dans les intelligences
et son empire sur les volontés. Le progrès s'opère dans la
direction du bien. Les civilisations diffèrent par leurs dislan-
ces du but aperçu par la raison, à mesure qu'elle s'avance ,
comme un voyageur qui découvre en marchant de nouveaux
horizons. C'est ce qui est surtout sensible pour les vertus so-
ciales; car, pour celles qui ne règlent que l'individuel, la