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ET DES SCIENCES. 131 profonde; que la vie de ses enfants soit menacée; qu'en proie h de mortelles angoisses il ait vainement essayé toutes les ressources humaines ; n'en doutez point, son cœur ne tardera pas à se fléchir, et sa prière ardente vous prou- vera que chez lui la conviction a fait place au doute, et que les émotions du cœur ont opéré le changement qu'essayaient en vain les raisonnements de l'intelligence. Si les vérités morales sont d'un autre ordre et s'acquiè- rent autrement que les vérités scientifiques, elles ont aussi des sanctuaires qui leur sont propres. Ces sanctuaires, ce sont la religion d'abord ; puis, dans le domaine de la raison, la psychologie, la théodicée, la morale, et enfin la poésie et l'histoire. Les sciences, même en ce qui regarde la notion du vrai, ont donc des lacunes ; et ces lacunes sont comblées par la philosophie et par les lettres. Les unes et les autres sont indispensables et se complètent réciproquement, comme l'es- prit et le cœur dont elles sont l'expression. Qu'on le remar- que toutefois, ces vérités morales qui exigent l'observation intérieure, sorte d'examen de la conscience, ces convictions que nous acceptons avec d'autant plus d'empressement que nos âmes sont mieux préparées par la pratique du bien et par les émotions du cœur, ne se rapprochent-elles pas visi- blement de celles que prêche le Christianisme ? et n'avons- nous pas ici une preuve nouvelle à l'appui de ce rappro- chement que nous avons déjà plusieurs fois établi entre les lettres et le Christianisme, et qui paraîtra de plus en plus évident a mesure que nous avancerons davantage dans nos comparaisons ? IV. Du vrai au bien il n'y a qu'un pas, tant le rapprochement est intime entre ce qui éclaire notre esprit et moralise notre