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                        ET DES SCIENCES.                      119

des fautes que nous aurons commises. La crainte qui résulte
de cette notion de la vigilance et de la sévérité de Dieu
influe, si nous l'avons présente à l'esprit, sur toutes nos
pensées, sur toutes nos actions ; elle a paru dans tous les
temps le caractère d'une éducation solide ; et toujours on â
caractérisé le véritable père de famille en disant qu'il inspirait
la crainte de Dieu a ses enfants.
   Je doute qu'on puisse soutenir que cette crainte de Dieu
ressorte des sciences quelles qu'elles soient. L'homme
ne trouvera dans leur étude que des motifs d'adoration et de
reconnaissance ; jamais des motifs de crainte : quiétude
trompeuse, mais qui ne saurait nous étonner ! La crainte
de Dieu est produite par la conviction de sa justice. Or, si
la pensée de celui qui réfléchit aux vices et aux vertus des
hommes se porte inévitablement vers les peines et les ré-
compenses que doit leur assigner la justice divine, aucun
motif ne nous élève a cet ordre d'idées quand nous vivons
dans le milieu des sciences mathématiques et naturelles. La
justice s'applique aux êtres pourvus de raison et de volonté,
et par conséquent, aux êtres responsables ; elle n'a aucun
rapport avec les corps inanimés, avec les animaux et les
plantes, avec les surfaces et les nombres.
   La même lacune n'existe pas dans les lettres. Expression
de l'homme tout entier, peinture de ses sentiments et de ses
actes, elles éveillent inévitablement dans la conscience du
moraliste, le sentiment d'une justice absolue dont l'intuition
est infinie, et dont la bienveillance comme la sévérité ne
eonnait les bornes ni des récompenses ni des châtiments
humains.
   Aussi, ouvrez les poèmes ou les histoires de l'antiquité ;
vous les trouverez empreints de l'idée de la justice céleste
se manifestant après la mort aussi bien que pendant la vie ;
et vous y verrez proclamer la crainte des dieux comme la