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 114                       DES LETTRES

  choix. Cette appréciation ne peut être sérieusequ'autantqu'elle
  ait été précédée d'une comparaison des lettres et des sciences
  dans leurs rapports avec les grandes vérités que l'homme doit
  connaître, avec les facultés qu'il doit accroître, et les prin-
  cipes qui doivent diriger sa vie.
     L'utilité de ce parallèle me l'a fait entreprendre, et lorsque
  ma conviction a été formée, j'ai pensé qu'il n'était peut-être
  point indifférent que les vérités morales sur lesquelles il était
 basé, fussent proclamées par un homme qui ne combattait
 point pour ses autels et ses foyers, et que la nature de ses
 travaux devait conduire au contraire dans le camp opposé à
 celui où il se place.
    Les termes de mes comparaisons pouvaient être multi-
 pliés à l'infini ; je pouvais les trouver à tous les degrés de
 l'échelle de nos idées, depuis les intérêts les plus vulgaires
jusqu'aux conceptions les plus métaphysiques ; j'ai dû faire
un choix, et je me suis borné à rechercher quelle pouvait
 être l'influence des lettres et des sciences sur la connaissance
de Dieu, de l'homme et de la nature, et sur les enseignements
qui nous conduisent à la vérité, nous disposent au bien ou
nous élèvent au sentiment du beau. Ces points de vue se
prêtent a merveille aux rapprochements dont je veux déduire
une décision réfléchie, aussi éloignée des préventions ins-
tinctives que des entraînements du temps et de l'exemple.
    Il est, en effet, de toute évidence que le système d'éduca-
tion qui fait pénétrer le plus avant dans la connaissance de
Dieu et de soi-même, et qui développe le mieux en nous les
idées du vrai, du beau et du bien, est le système que nous
devons adopter pour former le cœur et l'esprit de nos enfants.
Personne ne peut nier la justesse de ces propositions ; elles
offrent à la discussion un terrain parfaitement défini ; et si
quelque divergence se manifeste dans les jugements, ce ne
sera pas sur les principes ; ce ne sera que sur les applications.