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DE GRIMOD UE LA UEYSIÈUE. 107 cette considération plus que toute autre m'a déterminé. C'est la quintessence de cette excellente bibliothèque de M. le marquis de Paulmy, la plus nombreuse et la plus complète qu'aucun particulier ait jamais possédée. On devait la faire acheter à M. le comte d'Artois , mais la révolution a bien arrêté tout cela, et je suis presque sûr qu'elle est aujourd'hui dispersée. Tel est, hélas , le sort de toutes les belles collections en tous genres. Un homme passe sa vie entière et met tout son temps et sa fortune à ras- sembler un cabinet de livres, de tableaux, d'histoire naturelle. d'estampes, de médailles, d'antiquités et d'autres objets de cu- riosité. 11 meurt, et d'avides héritiers n'ont rien de plus pressé que de disperser en un moment ce qui a coûté tant d'années à rassembler. Le terrible huissier priseur arrive , les acheteurs en- tourent la table, et cette collection unique qui faisait l'admira- tion des étrangers et la gloire de la France , passe en mille mains différentes, et ainsi divisée, perd tout son prix. C'est ainsi qu'ont fini les superbes collections de tableaux de M. de Crozat, de M. de Julienne, de M. Randon de Boisset, de M. de Gastines , de M. le duc de Choiseul, de M. de Marigny et de tant d'autres, le cabinet de médailles de M. Pellegrin , si célèbre dans toute l'Europe, la collection de de M. le due d'Aumont, et les bibliothèques de M. le duc de la Vallière , de M. de Paulmy et autres qu'il serait trop long de nommer. M. Randon de Boisset avait aussi le goût des beaux livres et ses exemplaires étaient assurément uniques. A chaque bel ouvrage qu'on imprimait, il allait lui-même chez l'imprimeur, choisissait feuille par feuille, les mieux tirées, les plus belles, les mieux assorties pour la teinte du papier, ensuite il faisait relier l'ou- vrage superbement par Derôme, et le plaçait sans l'ouvrir ni permettre qu'on l'ouvrît dans sa bibliothèque, ensuite il achetait pour son usage un exemplaire ordinaire. Des livres ainsi choisis sont sans prix pour un amateur et assurément uniques, car il n'y a pas deux personnes qui prennent tous ces soins pour acheter un ouvrage. J'avoue que sans vouloir imiter ce genre de recher- che , je ne saurais le blâmer. J'aime en tout genre les choses et je ne suis pas. je l'avoue, insensible au mérite